ENTRETIEN AVEC HÉLÈNE ENCATASSAMY-RONDEAU
ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
Hélène Encatassamy-Rondeau (T 03), présidente du Groupe d’étude vétérinaire sur l’errance des carnivores à La Réunion, évoque le dynamisme de l’association.
Quelles problématiques l’errance animale engendre-t-elle à La Réunion ?
D’abord, avoir des animaux errants donne une mauvaise image de La Réunion et pénalise le tourisme. Les meutes de chiens font aussi courir des dangers pour l’être humain (morsures de promeneurs ou accidents de la voie publique, notamment), mais aussi pour les animaux, de nombreux troupeaux pouvant être attaqués. Les associations de protection animale sont rapidement saturées, et ne trouvent pas assez d’adoptants pour les animaux recueillis. Si, globalement, le chat errant pose moins de problèmes que le chien, la vigilance est de mise dans les Hauts de l’île, où l’animal menace la faune sauvage protégée. Dans les zones portuaires, il est plutôt bien toléré par les pêcheurs, car il participe à la gestion des déchets en les ingérant, et diminue la pression d’invasion des rats. On trouve, dans ce cas, des groupes de chats libres d’associations. En revanche, certaines associations continuent à nourrir des meutes de chiens errants, ce qui favorise la multiplication des rats néfastes pour la faune et la flore localement. Au final, près de 15 % des euthanasies dans les fourrières de France, départements et régions d’outre-mer (Drom) inclus, concernent notre seule île !
Comment le vétérinaire de La Réunion s’engage-t-il sur cette question ?
Le Groupe d’étude vétérinaire sur l’errance des carnivores à La Réunion (Gevec) est une association loi 1901, créée par des vétérinaires, en 1998, pour lutter contre l’errance animale, et les euthanasies qui en découlent. Aujourd’hui, près de 95 % des vétérinaires de l’île y adhèrent. En pratique, le Gevec répond aux appels d’offres lancés pour les campagnes de stérilisation des carnivores domestiques. L’adhésion massive des praticiens de l’île permet une négociation unique des tarifs, un monopole par quelques structures vétérinaires n’ayant de toute façon que peu d’intérêt financier. De plus, ce bon maillage géographique facilite la diffusion de la stérilisation sur toute l’île. Actuellement, le Gevec prend en charge toutes les campagnes menées à La Réunion, sauf celles de la ville de Saint-Denis, assumées par la Société protectrice des animaux.
Les campagnes de stérilisation suffisent-elles à lutter contre l’errance animale ?
Non, et tous les acteurs de terrain (vétérinaires, associations, politiques) sont d’accord sur ce point. Un simple ressenti n’étant pas suffisant, et vu le manque de données chiffrées sur la question, une étude, financée par la préfecture à hauteur de 100 000 €, est menée par deux consœurs du lycée agricole de Saint-Paul, pour apprécier la situation de l’île et évaluer l’efficacité des campagnes de stérilisation. Nous avons d’autres pistes de réflexion, comme mener des campagnes d’identification, rendre obligatoire la stérilisation ou verbaliser systématiquement les propriétaires des animaux divagants, qui est un phénomène très répandu sur notre île.
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PLUSIEURS CATÉGORIES D’ANIMAUX ERRANTS
LE PLAN DE LUTTE CONTRE L’ERRANCE ANIMALE