CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
La prise en charge de l’appareil génital en ostéopathie doit être abordée dans sa globalité, c’est-à-dire en intégrant l’hypophyse comme chef d’orchestre de la fonction de reproduction », a expliqué Raphaël Boillot lors du congrès de l’European Vete rinary Society for Osteopathy (EVSO) en septembre dernier, sur le campus de VetAgro Sup. Notre confrère a exposé les bases pratiques d’une consultation de problème de fertilité chez la vache laitière.
Souvent, les vaches laitières hautes productrices consultées pour problème d’infertilité présentent peu d’anomalies à l’examen gynécologique et le vétérinaire ne peut établir de diagnostic précis. L’ostéopathie considère qu’une perte de mobilité d’un organe impliqué dans la reproduction ou qu’une désynchronisation entre l’hypophyse, les ovaires et l’utérus sont autant de sources potentielles d’infertilité. La consultation ostéopathique consiste ainsi à s’assurer d’une parfaite circulation de l’information nerveuse et hormonale entre ces organes, et de leur mobilité dans les trois plans de l’espace et selon trois axes : mécanique, vasculaire et nerveux.
- Axe mécanique : en médecine classique, le crâne est considéré comme statique, mais l’approche ostéopathique est différente. En ostéopathie, l’hypophyse a besoin que le crâne conserve une certaine mobilité pour que son fonctionnement soit optimal, et que le liquide cérébrospinal circule librement jusqu’au sacrum dans le tube neural. C’est cette mobilité qui est recherchée, dans les trois plans de l’espace. De même, l’ostéopathe vérifie si l’utérus est correctement situé dans le bassin et mobile (ce qui n’est jamais observé chez les vaches ayant des troubles de la fertilité), de même que les ovaires (qui sont parfois “collés” au bassin), afin que leur fonctionnement soit optimal.
- Axe vasculaire : l’hormone lutéinisante (LH) et l’hormone folliculo-stimulante (FSH) sont déversées par l’hypophyse dans le sang veineux jusqu’aux ovaires. Les foramen jugulaires, l’entrée de la poitrine, le diaphragme, l’abouchement de l’artère ovarienne sur l’aorte, notamment, sont autant de zones dont la qualité de mouvement doit être vérifiée afin de permettre la circulation vasculaire libre de l’information hormonale. Par exemple, si l’articulation occipito-atloïdienne est libre, le départ des hormones du crâne par les foramen jugulaires droit et gauche, à proximité de l’atlas, s’effectue en harmonie vers le système circulant. Une perte de mouvement sur l’un des deux condyles occipitaux peut, en revanche, entraîner une perte d’efficacité veineuse par compression ou étirement. La circulation des hormones peut ainsi être ralentie à ce passage. Le pic de LH est alors réduit ou étalé dans le temps, et l’information hypophysaire qui parvient aux ovaires est désynchronisée par rapport à leur fonctionnement. Le rétrocontrôle peut également être différé et provoquer un déséquilibre de la fonction reproductive.
- Axe nerveux : le système parasympathique sort pour l’utérus et les ovaires par le plexus hypogastrique sur la face ventrale du sacrum. Il convient ainsi de vérifier la mobilité du sacrum. L’innervation orthosympathique s’effectue par le biais de la chaîne ganglionnaire paravertébrale, et la mobilité des premières vertèbres lombaires est essentielle au bon passage de l’information.
Ces trois axes, mécanique, vasculaire et nerveux, sont indissociables les uns des autres. C’est pourquoi l’ostéopathe ne se limite pas à l’examen génital, mais vérifie, outre la bonne mobilité des ovaires et de l’utérus, le sacrum, les premières vertèbres lombaires et les vertèbres thoraciques, la gaine viscérale du cou (entre la tête et l’entrée de la poitrine), l’occiput et la mécanique crânienne dans sa globalité.
Ainsi, les vaches qui ont eu plusieurs inséminations artificielles infructueuses peuvent être référées à un confrère ostéopathe, qui peut déterminer où se situe le dysfonctionnement.
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