CAS CLINIQUE
PRATIQUE CANINE
Formation
Commémoratifs, anamnèse et examen clinique
Un toui céleste (Forpus coelestis) femelle de 2 ans est présenté pour dyspnée et abattement. La perruche vit avec un mâle, est sortie tous les jours et la cage est disposée dans le salon. Elle est nourrie avec un mélange de graines. Un début de ponte est observé par les propriétaires 3 semaines avant la présentation, sans précision sur le nombre d’œufs. Aucun antécédent médical n’est rapporté.
À l’examen clinique, l’oiseau respire bec ouvert, l’état d’embonpoint est correct (40 g), mais une dilatation abdominale sévère est remarquée, ainsi qu’un effet masse à la palpation. Des radiographies abdominales révèlent la présence de deux œufs, le plus caudal étant mal positionné et l’autre, plus petit, malformé (photo).
Une ovocentèse est réalisée par voie cloacale sur l’œuf le plus caudal. Un traitement est mis en place, afin de stabiliser l’animal et de permettre l’expulsion des débris coquilliers par voie naturelle : ocytocine (5 UI/kg par voie intramusculaire [IM], toutes les 4 heures), gluconate de calcium (100 mg/kg IM, une fois par jour), réhydratation par voie sous-cutanée, méloxicam (1 mg/kg per os [PO], deux fois par jour), association de triméthoprime et de sulfamides (30 mg/kg PO, deux fois par jour), gavages. Le toui est placé sous oxygène en couveuse pour maintenir une température et une hygrométrie adaptées.
Traitement chirurgical
La gestion médicale de la rétention d’œufs se révélant infructueuse, une salpingotomie est entreprise après 2 jours d’hospitalisation. L’animal est prémédiqué au butorphanol (1 mg/kg IM), puis l’anesthésie est induite et maintenue à l’isoflurane au masque (2 % dans 1 l d’oxygène). La zone chirurgicale est préparée. Une incision sur la ligne blanche permet de visualiser les organes et d’objectiver une cœlomite importante.
Une première incision du salpinx est réalisée en portion ventrale. La paroi est fragile, et les morceaux de coquilles adhérents à la muqueuse. Après extraction de l’œuf, le salpinx est suturé par un surjet simple au monofilament résorbable 5-0. L’extraction du deuxième œuf apparaît plus complexe, car il est très dorsal et peu calcifié, et nécessite un second site de salpingotomie. Après la suture de ce dernier, le cœlome est assaini à l’aide de cotons-tiges imbibés de sérum physiologique, le lavage cœlomique étant proscrit chez les oiseaux. Les plans musculaire et cutané sont suturés au monofilament résorbable 4-0.
L’oiseau se réveille rapidement. Du métronidazole (30 mg/kg per os, deux fois par jour) est ajouté au plan thérapeutique initial. L’animal est rendu à ses propriétaires 3 jours après l’intervention sous double antibiothérapie (10 jours) et méloxicam (1 semaine).
Suivi
Un mois post-chirurgie, lors de la visite de contrôle, le toui présente un très bon état général. Un implant de desloréline (Suprelorin® 4,7 mg) est posé par voie sous-cutanée sous anesthésie gazeuse flash, afin d’éviter les récidives.
Les rétentions d’œufs sont assez fréquentes chez les petites perruches. Les causes sont variées : hypocalcémie et autres carences alimentaires, malposition, faiblesse de l’animal, obésité, absence de site de ponte, affections de l’oviducte (tumeur, salpingite), etc. Parmi les symptômes, la dyspnée est provoquée par la compression des sacs aériens par l’œuf. De même, une parésie/paralysie des membres pelviens peut apparaître par pression sur le nerf sciatique.
Un traitement médical doit être essayé lorsque l’œuf est bien placé. Il peut être combiné à une ovocentèse en cas de malposition et/ou une extraction cloacale avec taxis externe. Les risques anesthésiques et chirurgicaux reposent en grande partie sur la petite taille de l’animal (hémorragie minime, hypothermie, etc.).
L’implant de desloréline est efficace environ 6 mois chez l’oiseau, mais sa durée d’action n’est pas étudiée chez le toui céleste. Le renouvellement est donc recommandé au-delà de cette durée.
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