CONFÉRENCE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS
Le diabète du chat ressemble au diabète de type 2 de l’homme, son suivi est plus compliqué que chez le chien. La persistance des signes cliniques après la mise en place de l’insulinothérapie peut être associée à des problèmes techniques, liés à l’insuline, à sa dose ou une résistance. Seule la courbe de glycémie permet de donner une information complète sur la durée d’action de l’insuline et le nadir. Une glycémie ponctuelle ne suffit pas.
Le chat est nourri et la première injection est réalisée à la maison. La même alimentation est distribuée en hospitalisation pour reproduire les conditions du quotidien. La glycémie est dosée toutes les 2 heures pendant 12 heures, voire 24 heures. La courbe obtenue permet de contrôler l’effet de l’insuline, le nadir et la durée d’action. La prise de sang est réalisée à la veine marginale de l’oreille, sur du sang capillaire ou par la pose d’un cathéter veineux périphérique avec un mandrin. Cependant, le chat a souvent une moindre prise alimentaire (hypoglycémie) et les manipulations peuvent générer du stress (hyperglycémie). L’impact financier est à considérer.
La réalisation de la courbe de glycémie à la maison doit tenir compte des capacités du propriétaire à contenir son animal et à obtenir la goutte de sang (lecture au glucomètre). Cependant, les conditions du quotidien (alimentation, exercice physique) n’étant pas modifiées, ces courbes sont beaucoup plus fiables et permettent au praticien de choisir de meilleures options thérapeutiques, tout en représentant un coût inférieur. D’autre part, plus le suivi est rapproché et plus les chances de rémission sont élevées. Il est conseillé de réaliser une courbe de glycémie par semaine, ou tous les 10 jours, jusqu’à équilibrage clinique, puis toutes les 4 à 8 semaines.
L’objectif est d’obtenir une glycémie située entre 0,8 et 2,7 g/l sur 12 heures, avec un nadir idéal compris entre 0,8 et 1,4 g/l. S’il est inférieur à 0,7, il convient de réduire la dose de 0,5 à 1 UI. S’il est supérieur, il est nécessaire de l’augmenter. Si, malgré le nadir, la durée d’action est inférieure à 8 heures, le praticien devra considérer une autre insuline.
Une rémission est suspectée lorsque la glycémie se maintient entre 0,8 et 1,2 g/l et que la fructosamine est inférieure à 350 µmol/l. La dose est alors réduite de 0,5 UI par injection chaque semaine, puis la fréquence des injections est diminuée (une par jour), jusqu’à l’arrêt du traitement. Le suivi de glycémie (glycosurie) se réalise deux fois par semaine (pour suivre les risques de rechute), et la diététique est maintenue à vie.
La fructosamine traduit une réaction irréversible entre le glucose et les protéines plasmatiques, qui dépend de la glycémie, mais également de la concentration et de la demi-vie des protéines plasmatiques. Son dosage reflète la glycémie moyenne sur les 1 à 2 semaines précédentes. Sa valeur n’est pas affectée par des changements de glycémie de courte durée et aide à interpréter les courbes de glycémie. Par exemple, en cas de persistance des signes cliniques à la maison, d’une courbe de glycémie en hospitalisation normale et d’une valeur élevée de la fructosamine, il convient d’imputer un défaut d’alimentation en hospitalisation, avec une courbe de glycémie faussée. Il s’agit d’une alternative (moins idéale) pour le suivi de la glycémie des chats non manipulables. Une hypoprotéinémie et une hyperthyroïdie diminuent sa valeur.
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