La pesanteur

Abattu à bout portant lors d’une violente opération policière pour intercepter un groupe de migrants qui franchissaient illégalement la frontière hongroise, un jeune Syrien se relève miraculeusement de ses blessures et se découvre désormais le pouvoir de léviter dans les airs. Dans le camp de rétention des réfugiés où il est emmené, le jeune homme est aussitôt pris en main par le D^r Stern. Chirurgien désabusé, en quête éperdue d’argent pour espérer racheter une tragique faute médicale, Stern va, ça et là, monnayer les superpouvoirs de son protégé… tandis que le chef de la sécurité du camp, un intraitable limier, se lance à leurs trousses. À travers cette nouvelle course-poursuite haletante dans une Budapest dystopique – dénonçant la xénophobie et les lois sécuritaires de l’actuelle Hongrie de Viktor Orbán –, le réalisateur de White God ¹ poursuit son œuvre rageuse, allégorique, entre hyperréalisme et fantastique, confirmant un indéniable talent visuel qui jongle cette fois entre l’horizontalité et la verticalité. Son récit se repaît des grandes problématiques actuelles de l’Europe en souffrance : migrants, terrorisme, poussée sécuritaire et nationaliste, perte de la foi… Dans ce foisonnement, les personnages demeurent lointains et la parabole reste difficile à déchiffrer (le jeune innocent christique est-il venu nous sauver ?). Si le film n’accède jamais à la légèreté de son ange, il ne nous immerge pas moins dans une épopée spectaculaire, d’une virtuosité renversante.
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¹ Voir La Semaine Vétérinaire n° 1607 du 28/11/2014, page 54.

La Lune de Jupiter de Kornél Mundruczó, avec Merab Ninidze, Zsombor Jéger, György Cserhalmi, Mónika Balsai, Hongrie-Allemagne, 2 h 03, sortie le 22 novembre.