COMPORTEMENT
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
Un propriétaire rassurant son chien en consultation, via des caresses et des paroles, permet de réduire le stress de l’animal.
Une étude de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA)1, financée par une bourse Nestlé Purina et publiée dans Physiology & Behavior (mai 2017), s’est penchée sur le ressenti du chien en consultation vétérinaire. « À ce jour, peu de références bibliographiques existent sur ce sujet en France et à l’international », explique Caroline Gilbert, maître de conférences en éthologie fondamentale et appliquée, qui a coordonné l’étude. L’objectif était de disposer de mesures scientifiques et de solutions, afin de réduire le stress de l’animal en consultation. Le contexte choisi a été celui de l’examen de médecine préventive dénué d’actes douloureux, en présence d’un animal non algique. »
Trente-trois chiens de 6 mois à 12 ans, stérilisés ou non, et appartenant à plusieurs races ou croisés, ont été inclus dans l’étude. Répartis dans deux groupes de 16 et 17 individus, ils ont été soumis à deux consultations vétérinaires standardisées, espacées de 7 à 17 jours, selon les disponibilités de chacun des participants. Le principe était que, pour la consultation initiale, les chiens de la condition “contact” avaient droit à des caresses et à des paroles rassurantes de la part de leur propriétaire, tandis que, dans l’autre condition, ce dernier devait rester assis à 3 m de distance de la table d’examen. Les conditions d’examen étaient ensuite inversées lors de la consultation suivante. Plusieurs indicateurs connus pour être liés au stress, à la fois physiologiques (fréquence cardiaque, température maximale de surface oculaire, température rectale, cortisol salivaire) et comportementaux (halètement, vocalisation, tentative de saut de la table, refus des contraintes, léchage des babines, bâillement, lever de patte), ont été mesurés dans la salle d’attente, la salle de consultation et en sortie d’examen.
Dès la salle d’attente, la mesure de ces indicateurs a montré la présence d’une tension chez l’animal, quel que soit le groupe. Le chien bâillait plus souvent, ce qui était lié probablement, selon les chercheurs, à l’environnement inconnu pour l’animal et à la situation qui s’avère imprévisible et/ou non contrôlable pour lui. En consultation, une hausse significative de comportement de léchage de babines a été observée, quel que soit le groupe. De la même manière, la fréquence cardiaque et la température maximale de surface oculaire étaient plus élevées. Ces résultats suggèrent que l’expérience globale d’un chien chez un praticien est source de stress, que le propriétaire adopte un comportement rassurant ou non.
En consultation, les chiens soumis à des contacts étroits avec leur propriétaire avaient moins tendance à sauter de la table. Cet indicateur a été le seul changement comportemental significativement observé entre les deux groupes, probablement lié aux variations individuelles (âge, tempérament, etc.). De plus, des mesures significativement plus basses de température maximale de surface oculaire et de fréquence cardiaque ont été enregistrées dans la condition “contact”. Aucune variation significative du cortisol salivaire n’a pu être montrée. Le contact visuel toujours présent avec le propriétaire, quel que soit le groupe, et le délai trop court entre la mesure et le moment stressant pourraient expliquer ce résultat. «
Cette étude devrait inciter le praticien à prendre en compte la relation entre le chien et son propriétaire, souligne Caroline Gilbert. Parfois les vétérinaires préfèrent ne pas impliquer les propriétaires au cours de la consultation. Ici, nous prouvons qu’au contraire le faire réduit le stress de l’animal. En améliorant le bien-être du chien, l’examen clinique n’en sera que plus facile et plus sécurisant.
» Une prochaine étape serait d’évaluer l’influence de la qualité des interactions entre le propriétaire et son animal, ou encore le tempérament de ce dernier, sur le stress en consultation.
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1 Csoltova E., Martineau M., Boissy A., Gilbert C. Behavioral and physiological reactions in dogs to a veterinary examination : owner-dog interactions improve canine well-being. Physiol. Behav.2017;177:270-281.