ENTRETIEN
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
La prise en charge ostéopathique peut être conseillée pour chaque moment critique de la vie d’un bovin et pour toute maladie si les structures anatomiques sont intactes, observe notre confrère.
Les consultations d’ostéopathie se développent chez les bovins depuis quelques années. J’exerce exclusivement en ostéopathie, et les bovins représentent environ un tiers de mon activité (après les chevaux, mais avant les carnivores domestiques). Le prix (50 € la consultation) n’est pas un facteur limitant dans ma région où le lait possède une appellation d’origine contrôlée (AOC) et où les éleveurs de vaches laitières comme allaitantes connaissent les bienfaits de la discipline pour leurs animaux. L’ostéopathie chez les bovins est de plus en plus enseignée. L’Institut des médecines alternatives et ostéopathie vétérinaire (Imaov), où je suis chargé de cours, s’est adaptée à une demande plus importante de formation, elle-même liée à un développement de l’activité sur le terrain.
Ce sont pour la moitié des problèmes locomoteurs chez les vaches laitières et allaitantes (du bilan ostéopathique préventif chez l’animal de concours jusqu’à la vache couchée) et pour l’autre moitié de l’infertilité chez les laitières hautes productrices (vache inséminée plusieurs fois sans succès).
Chaque moment critique de l’élevage bovin peut justifier une prise en charge ostéopathique. C’est le cas de la naissance, à la fois pour la mère et pour le veau. Par exemple, les pertes de mobilité chez le veau peuvent perturber le démarrage du réflexe de succion, et il convient d’intervenir rapidement pour permettre une reprise de tétée. C’est également le cas pour le sevrage, les retards ou anomalies de croissance, les maladies récurrentes (diarrhées, troubles respiratoires, fertilité, etc.). En règle générale, l’ostéopathie est indiquée pour des affections chroniques, récidivantes ou récalcitrantes aux traitements classiques, à condition que la structure soit intacte. Pour les problèmes locomoteurs, par exemple, une entorse peut être prise en charge, mais une fracture, une luxation et une déchirure musculaire sont des contre-indications : l’ostéopathie n’a alors qu’un intérêt diagnostique ou pronostique.
Je m’appuie sur les retours que les éleveurs me fournissent. Pour environ 75 % des veaux, le réflexe de succion réapparaît à la tétée qui suit la consultation, et les éleveurs qui appellent pour un veau qui « ne profite pas » voient dans 80 % des cas une reprise de la courbe de croissance après la consultation. Concernant les problèmes d’infertilité, une seule consultation permet d’obtenir 70 à 80 % de réussite à l’insémination suivante. Concernant l’appareil locomoteur, le retour est différent selon le problème. Il est positif dans presque 100 % des cas pour les boiteries légères des vaches qui reviennent de concours, par exemple. En revanche, seule une vache couchée sur trois se relève, si elle est prise en charge durant les 15 premiers jours de couchage, et à condition que l’éleveur ait mis en œuvre les consignes pour éviter l’aggravation des lésions par le décubitus. L’usage de la pince à relever est à proscrire chez les vaches “charnues”.
Tout à fait. Il serait possible d’envisagerla prise en charge de tous les échecs thérapeutiques classiques et des récidives par l’ostéopathie, soit en vue d’un traitement si la structure est intacte, soit pour affiner un diagnostic ou un pronostic. L’intérêt des jeunes confrères pour la discipline et l’amélioration permanente des formations devrait bientôt permettre d’intégrer l’ostéopathie à chaque structure vétérinaire classique.
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