Réactions indésirables aux vaccins : l’avis de l’ American Animal Hospital Association - La Semaine Vétérinaire n° 1741 du 23/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1741 du 23/11/2017

SYNTHÈSE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : ALEXIS LECOINDRE 

La vaccination, de façon générale, est source de controverses et de polé́miques. Un conseil d’experts, réuni par l’ American Animal Hospital Association 1, répond aux principales questions relatives aux réactions indésirables aux vaccins.

Est-il approprié de réduire le volume d’une dose individuelle de vaccin parentéral lors de la vaccination des chiens de petite race ?

Le volume recommandé par le fabricant représente généralement la dose immunisante minimale. Par conséquent, le volume total d’une dose de vaccin doit toujours être administré. La réduction arbitraire du volume d’un vaccin peut entraîner une réponse immunitaire moins protectrice. De plus, rien n’indique que l’abaissement de la dose ou du volume d’un vaccin préviendra un événement indésirable. L’administration d’un volume de dose réduit d’un vaccin antirabique est “non indiquée sur l’étiquette” et peut ne pas être reconnue d’un point de vue légal.

Quelles sont les conséquences de l’administration d’un vaccin oral ou intranasal contre Bordetella bronchiseptica par la voie sous-cutanée ou intramusculaire ?

Les vaccins contre B. bronchiseptica formulés pour un usage intranasal ou oral contiennent des bactéries Gram - vivantes et avirulentes, capables de se répliquer après administration. Pour cette raison, ils doivent être administrés par la voie pour laquelle le produit est homologué. Le vaccin contre B. bronchiseptica formulé pour une injection parentérale est inactivé, et donc incapable de se répliquer après l’administration. De rares signalements de cellulite et d’abcès au point d’injection, à la suite de l’administration d’un vaccin intranasal contre B. bronchiseptica par voie sous-cutanée, sont rapportés. Des décès associés à la réplication bactérienne, à la bactériémie, à la libération de protéines hépatotoxiques et à la nécrose hépatique ont été signalés. Les chiens vaccinés par inadvertance avec un vaccin oral ou intranasal de B. bronchiseptica administré par voie parentérale peuvent bénéficier d’un traitement de 5 jours minimum avec un antibiotique approprié (par exemple, la doxycycline).

Peut-on administrer un vaccin oral ou intranasal contenant B. bronchiseptica à un chien recevant un traitement antibiotique ?

Ceci n’est pas recommandé. Étant donné que les vaccins contre B. bronchiseptica administrés sur une surface muqueuse (orale et intranasale) contiennent des bactéries vivantes (atténuées), la vaccination d’un chien recevant simultanément un traitement antimicrobien peut aboutir à l’inactivation des bactéries vivantes. Cela pourrait entraîner une réponse immunitaire réduite ou nulle au vaccin.

L’administration d’un vaccin à un chiot va-t-elle appauvrir la quantité d’anticorps maternels, laissant le chien vulnérable aux infections ?

La vaccination en présence d’anticorps maternels peut interférer avec le vaccin, mais n’épuise pas – ou ne modifie pas de façon mesurable – le niveau de protection qu’un chiot tire de l’immunité passive (maternelle).

Y a-t-il de nouvelles variantes du virus de la maladie de Carré sur le terrain pour lesquelles les vaccins actuels ne confèrent pas d’immunité protectrice ?

Tous les vaccins contre la maladie de Carré (virus vivants modifiés et recombinants) actuels offrent une protection contre tous les isolats connus du virus.

Les vaccins actuels contre le parvovirus canin sont-ils protecteurs contre la maladie causée par le variant CPV-2c ?

Actuellement, tous les vaccins atténués contre le parvovirus canin induisent une réponse immunitaire protectrice qui assure une protection à long terme (supérieure à 3 ans) contre tous les variants connus (2a, 2b et 2c), une fois la série de vaccinations initiale administrée. Les vaccins contre la parvovirose offrent une excellente immunité chez la majorité des vaccinés.

Certaines races sont-elles incapables de déclencher une réponse immunitaire après la vaccination ?

Bien que rares, des “non-répondeurs génétiques” ont été documentés chez des chiens dans plusieurs pays (mieux caractérisés aux États-Unis, dans les années 1980, chez les doberman pinschers et les rottweilers qui n’ont pas développé d’anticorps protecteurs à la suite de l’administration d’une série de vaccins appropriés contre le parvovirus). Les “non-répondeurs” au vaccin contre le parvovirus canin existent aujourd’hui dans la population canine générale. Il est suggéré que jusqu’à 1 chien sur 1 000 (principalement de race pure) est génétiquement incapable de répondre à l’antigène parvovirus et, par conséquent, reste sensible aux conséquences de l’infection s’il est exposé. Aucun vaccin n’est considéré comme efficace à 100 % parmi 100 % des vaccinés.

Les chiens ayant des antécédents d’effets indésirables post-vaccinaux aigus (angiœdème, anaphylaxie, etc.) doivent-ils recevoir des vaccins de rappel ?

La décision de revacciner un chien chez qui survient un effet indésirable post-vaccinal aigu doit être fondée sur l’évaluation de l’état de santé de l’animal, des antécédents de vaccination, du statut immunitaire (dépistage d’anticorps), du risque d’exposition et du nombre de vaccins jugé nécessaire. Les chiens ayant des antécédents de réaction post-vaccinale légère et aiguë (par exemple, gonflement facial) sont couramment traités avec une dose unique de diphénhydramine avant la vaccination (bien que le bénéfice de cette action n’ait pas été définitivement établi). Les chiens qui ont une réaction post-vaccination légère nécessitant un traitement doivent recevoir un corticostéroïde à dose anti-inflammatoire en une seule prise. Les chiens ayant des antécédents de réaction allergique grave associée à un vaccin (anaphylaxie) ne doivent pas être revaccinés, à moins que cela ne soit jugé nécessaire et seulement s’ils peuvent être surveillés pendant plusieurs heures après la vaccination.

Le risque de réaction indésirable aiguë d’un vaccin inactivé persiste-t-il pendant une période prolongée ou est-il de courte durée ?

La durée de la mémoire immunitaire associée à l’hypersensibilité aiguë (type 1) est difficile à prévoir. Parmi les enfants qui subissent des réactions d’hypersensibilité aiguë de type 1 post-vaccination relativement mineures (par exemple, un angiœdème), le risque d’une réaction indésirable a tendance à diminuer avec l’âge. On ne sait pas si cela se produit systématiquement chez les chiens. Ceux qui présentent une réaction d’hypersensibilité sévère de type 1 (anaphylaxie systémique, notamment) doivent être étroitement surveillés après l’administration du vaccin ou, en option, testés pour détecter la présence d’anticorps (virus de la maladie de Carré, parvovirus et adénovirus-2).

Les chiens ayant des antécédents de réaction indésirable post-vaccinale retardée (par exemple, une anémie hémolytique à médiation immunitaire ou une thrombocytopénie) doivent-ils recevoir des vaccins de rappel ?

Ce n’est généralement pas recommandé. Lorsque cela est possible, il convient d’éviter d’administrer des doses de rappel de vaccin aux animaux ayant des antécédents de maladie à médiation immunitaire (par exemple, anémie hémolytique, thrombocytopénie). Il a été suggéré que cela pourrait réactiver la maladie. La recherche d’anticorps (virus de la maladie de Carré, parvovirus et adénovirus-2) est un moyen d’évaluer le statut immunitaire protecteur chez les chiens à risque.

Les vaccins peuvent-ils causer une maladie à médiation immunitaire ?

D’un point de vue immunologique, c’est possible. Alors que la vaccination a été liée de manière anecdotique à une maladie à médiation immunitaire chez le chien, des études définitives démontrant une relation de cause à effet claire n’ont pas été publiées. L’apparition d’une maladie à médiation immunitaire après vaccination est documentée chez l’homme (par exemple, syndrome de Guillain-Barré, polyradiculonévrite inflammatoire démyélinisante chronique). En médecine vétérinaire, la relation entre maladie à médiation immunitaire et vaccination a été associée à un adjuvant (bien que non définitivement prouvé) dans un vaccin inactivé. Il a également été suggéré que chez les chiens ou les chats, l’administration du vaccin peut poser un risque de réactivation d’une maladie à médiation immunitaire contre laquelle l’animal s’est rétabli. Dans ce cas, il peut être prudent de renoncer à l’administration de vaccins de rappel et d’effectuer plutôt des tests d’anticorps.

1 Ford R. B., Larson L. J., McClure K. D. et coll. 2017 AAHA Canine Vaccination Guidelines. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2017;53(5):243-251.