PAYS-BAS
ACTU
Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA
Assurances, voyages, hôtels… Les comparateurs de prix en tout genre fleurissent sur Internet. Aux Pays-Bas, les actes vétérinaires n’ont pas échappé à cette tendance avec le lancement, à l’occasion de la Journée mondiale des animaux, le 4 octobre, du site Dierenartskiezen.nl.
Le site gratuit Dierenartskiezen.nl (“choisir son vétérinaire”) est le fruit de la frustration de l’un de ses fondateurs, Edwin Paardekooper. Un de ses collègues devait faire subir un traitement dentaire à son chien. Il contacte donc plusieurs vétérinaires proches de son lieu de résidence et constate, selon les cliniques, une différence pour cet acte allant jusqu’à 200 €.
Dans un communiqué de presse, Edwin Paardekooper justifie son initiative en expliquant que, depuis 1998, en raison du droit européen et néerlandais sur la libre concurrence, les vétérinaires peuvent décider de leurs propres tarifs. À cette époque, l’autorité néerlandaise de la concurrence, la Nederlandse Mededingingsautoriteit (NMa), interdit à la Koninklijke Nederlandse Maatschappij voor Diergeneeskunde (KNMvD), l’Ordre des vétérinaires, de donner des conseils sur les prix à appliquer. Au final, selon lui, le consommateur n’est pas en situation de savoir s’il paie trop pour un traitement, d’autant plus que les vétérinaires ne donnent pas toujours leurs tarifs sur leur site internet. Il ajoute que certains propriétaires renoncent à des soins préventifs faute de moyens. Son objectif affiché est donc plus de visibilité et de transparence dans les tarifs proposés et surtout de permettre aux plus démunis de trouver un vétérinaire de qualité abordable dans leur région.
Le site, inauguré lors de la Journée mondiale des animaux, le 4 octobre, fonctionne de la façon suivante : le propriétaire rentre son code postal, décrit son animal (chien de moins de 10 kg ou grand chien d’environ 40 kg, chat d’environ 4 kg ou lapin de 3 kg) et choisit parmi les quatre options proposées : consultation de base, vaccination annuelle (CHPL1 pour les chiens, typhus et coryza pour les chats, myxomatose et VHD2 pour les lapins), castration et stérilisation. En un clic, il obtient les prix des cliniques de son voisinage par ordre croissant.
Les tarifs répertoriés sont collectés de plusieurs manières : les responsables du site les recueillent sur les pages internet des praticiens et, lorsque les informations ne sont pas disponibles, ils appellent le vétérinaire pour les obtenir. Si ce dernier refuse3, la mention “non connue” est affichée. Le site fait aussi appel aux clients pour communiquer les tarifs qu’ils ont constatés lors de leur visite dans une clinique. Les prix communiqués datent toujours de moins d’un an.
Dierenartskiezen.nl permet également aux utilisateurs de déposer des avis et des évaluations après leur consultation. Le site leur demande ainsi de juger de la qualité de leur visite, et s’engage à vérifier les informations et à les supprimer s’il a un doute sur leur véracité. Les praticiens peuvent aussi le contacter pour signaler des avis qu’ils jugent non fiables ou mal intentionnés.
Les recherches menées par Dierenartskiezen.nl ont révélé des écarts de prix très importants entre les cliniques aux Pays-Bas. Faire stériliser un grand chien à Hillegom coûte, par exemple, 595 € contre 225 €à Baricum, située à une centaine de kilomètres. Edwin Paardekooper a aussi constaté que le prix d’un vaccin lapin allait de 15 à 69,50 €. Dans le Ranstad, conurbation qui regroupe quatre des plus grandes villes des Pays-Bas (Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht), on observe des prix 10 % supérieurs au reste du pays. Cette enquête a été rapidement relayée par les médias néerlandais. Les vétérinaires n’ont pas tardé à réagir, certains évoquant la concurrence déloyale des magasins spécialisés pour animaux dotés, de plus en plus, de cliniques qui proposent des soins vétérinaires de base à bas coût.
Le site Vetvisuals.com,dédié aux praticiens, s’est aussi exprimé sur le sujet. Un propriétaire ne doit pas choisir son vétérinaire en ne retenant que les tarifs proposés. Il doit aussi s’interroger, par exemple, sur les protocoles suivis, les produits utilisés, se demander comment est prise en charge une urgence, comment est pratiquée la surveillance durant une chirurgie, si l’équipement nécessaire est présent, entretenu et bien vérifié, si les vétérinaires ont suivi des formations complémentaires… Vetvisuals.com a, pour cela, mis à la disposition des internautes une lettre informative pour choisir le praticien qui répondra le mieux à leurs attentes.
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1 C : maladie de Carré, H : hépatite de Rubarth, P : parvovirose ou gastro-entérite, L : leptospirose.
2 Viral hemorrhagic disease ou maladie hémorragique virale.
3 Environ 60 % des 4 900 vétérinaires néerlandais ont répondu.