L’expertise vétérinaire des armées lors de la catastrophe Irma - La Semaine Vétérinaire n° 1742 du 30/11/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1742 du 30/11/2017

OPÉRATION DE TERRAIN

ACTU

Auteur(s) : ARNAUD COTREL 1, VIRGINIE MARIANNE 2, JEAN-PAUL DEMONCHEAUX 3

Début septembre, les Antilles étaient frappées par l’ouragan Irma, nécessitant l’envoi en urgence de militaires et de gendarmes pour venir en aide à la population locale. Un vétérinaire des armées, puis une technicienne vétérinaire ont participé au soutien de ces détachements sur l’île de Saint-Martin.

Dans la nuit du 5 au 6 septembre, l’ouragan Irma, d’une violence exceptionnelle, touchait principalement les îles de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, dans les Antilles françaises. Dès le 9 septembre, plusieurs détachements militaires sont déployés sur Saint-Martin, afin de gérer les flux logistiques, de sécuriser le territoire et de participer aux opérations de déblaiement. Au total, 1 700 hommes, répartis sur 16 sites, sont mobilisés. Parmi eux, un vétérinaire et une technicienne vétérinaire des armées mettent leur expertise scientifique au service des militaires, des gendarmes, mais aussi de la population locale.

Maîtriser les risques liés à l’hygiène de vie en campagne

Peu après l’événement, la Direction centrale du Service de santé des armées décide de s’appuyer sur le vétérinaire militaire basé en Guyane. Ce dernier atterrit à Saint-Martin le 13 septembre, suivi, quelques jours plus tard, d’un médecin épidémiologiste. La priorité est alors de garantir la bonne hygiène de vie du personnel militaire, une condition fondamentale à la réussite des opérations. La maîtrise de la sécurité sanitaire des aliments est permise par l’emploi de rations de combat. Les moyens locaux de production d’eau potable ayant été endommagés par l’ouragan, le vétérinaire conseille la chloration systématique des eaux stockées en citerne pour les douches ou le lavage de linge. L’insuffisance d’hygiène des mains conduit à commander en urgence des centaines de flacons de solution hydro-alcoolique. D’autres interventions concernent le drainage des eaux de pluie, la gestion des eaux usées, ainsi que l’implantation et la gestion des toilettes de campagne. Un travail sur la maîtrise des risques zoonotiques, en particulier les arboviroses (dengue, chikungunya, Zika), mais aussi la leptospirose, en raison de la boue omniprésente dans les décombres et de leur colonisation par des rats, est également mené.

Des actions en faveur des populations locales

Si l’activité première du vétérinaire des armées était d’apporter son soutien aux détachements militaires, son expertise a profité aussi aux populations locales. Afin de réduire l’exposition aux maladies zoonotiques, il intervient, en complément des actions menées par le médecin de santé publique, en conseillant essentiellement la priorisation du déblaiement des abords et l’entretien des piscines abandonnées. En outre, des flacons d’insectifuges pour peau et pour vêtement sont distribués en grandes quantités. Le vétérinaire apporte aussi son expertise sur l’élimination des déchets alimentaires, la gestion des produits surgelés et la remise en état de fonctionnement optimal des entrepôts frigorifiques de Saint-Martin. Enfin, il collabore avec le centre opérationnel départemental, lors du déploiement, par l’US Navy, d’osmoseurs inverses au profit des populations sinistrées, en attendant la remise en état de l’usine de désalinisation de l’eau de mer.

Un second renfort apporté par une technicienne vétérinaire

À partir du 10 octobre, une seconde mission est menée par une technicienne vétérinaire, après le départ, le 27 septembre, du vétérinaire des armées. Dans les semaines suivant la catastrophe, les restaurants reprennent progressivement leur activité, parfois dans des conditions très dégradées. Des suspicions de toxi-infections alimentaires collectives sont déclarées au sein de détachements de la gendarmerie. L’action de la technicienne consiste alors en l’expertise de ces restaurants, avant établissement de conventions avec les militaires. Un suivi des recommandations sanitaires faites par le vétérinaire dans ses différents domaines d’expertise a complété cette mission.

1 Direction interarmées du Service de santé des forces armées en Guyane.

2 Direction interarmées du Service de santé des forces armées aux Antilles.

3 Direction centrale du Service de santé des armées, Paris.

CONSÉQUENCES DE L’OURAGAN IRMA

- 9 personnes décédées
- Une centaine de blessés
- 85 % d’habitations détruites ou endommagées
- 10 000 personnes (65 % de la population) sans logement
- Ensemble des réseaux coupé
- Productions d’énergie et d’eau potable arrêtées
- Points névralgiques touchés : préfecture, hôpital, entrepôts frigorifiques, etc.