PARASITOLOGIE
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
L’évolution vers de nouvelles approches du contrôle des parasites a fait l’objet du colloque organisé par la SNGTV au siège de l’OIE, à Paris, mi-novembre.
Le s résistances aux antiparasitaires sont une réalité à laquelle les praticiens sont confrontés sur le terrain », constate Jacques Devos, de la commission parasitologie de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et organisateur du colloque au siège de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le 14 novembre.
Bien que le monépantel soit commercialisé en France pour les ovins contre les strongles gastro-intestinaux, et que la formulation récente de l’éprinomectine en injectable ouvre de nouvelles perspectives, les signalements de résistance surviennent rapidement et systématiquement après la mise sur le marché d’une molécule, et l’arsenal thérapeutique est limité. Philippe Jacquiet, de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT), montre que la fréquence des allèles de résistance augmente au fil du temps dans une population de parasites, jusqu’à ce que les traitements deviennent inefficaces. Notre confrère incite à ne pas baisser les bras et à changer de philosophie dès aujourd’hui : il convient désormais de parler de lutte intégrée, en abordant le problème par différentes approches. De plus, des mesures de gestion et de surveillance des résistances sur le terrain sont recommandées par la note de réflexion publiée en avril 2017 par l’Agence européenne du médicament (EMA) (encadré).
Cette utilisation raisonnée des antiparasitaires s’intègre également dans une réflexion sur les effets des résidus dans l’environnement, notamment sur la mort des insectes coprophages (et d’autres, dont les abeilles).
Il conviendra alors de « traiter aussi souvent que nécessaire, mais aussi peu que possible », souligne Philippe Camuset, de la commission parasitologie de la SNGTV, qui conseille la mise en place d’une démarche qualité afin d’optimiser la gestion médicale du parasitisme des bovins, des équidés et des petits ruminants. Utiliser des examens complémentaires adaptés à l’élevage (coproscopies, dosage du pepsinogène sérique, test de ratio de densité optique Ostertagia, sérologie fasciolose) permet d’établir un niveau de risque pour chaque parasite et chaque lot d’animaux.
Christophe Chartier, d’Oniris, précise que le changement de philosophie du vétérinaire passe par un élément majeur : le conseil. L’éleveur est entouré de nombreux conseillers, et le vétérinaire doit conserver le rôle central dans la gestion du parasitisme et des résistances aux antiparasitaires. Il doit également convaincre les éleveurs de modifier leurs habitudes, notamment de ne pas traiter tout le troupeau. En effet, la majorité des animaux étant faiblement infestés et une minorité l’étant fortement, la pression de sélection peut être diminuée par un traitement ciblé, en fonction du parasite, et sélectif, en traitant seulement les animaux les plus infestés. De plus, il est essentiel de conserver une population refuge de parasites (qui n’a pas été en contact avec les anthelminthiques) par la gestion des pâtures, et du temps doit être passé avec l’éleveur pour comprendre son utilisation des parcelles.
Des alternatives aux antiparasitaires sont également en cours de développement : sélection génétique d’animaux faiblement excréteurs, vaccination, phytothérapie, etc.
Enfin, il peut exister de fausses résistances, lors d’une prescription ou d’une administration inappropriée, ou encore lors de recontamination à partir de l’environnement : il est ainsi essentiel de veiller à la prescription d’une posologie adaptée, idéalement individuelle, et à l’observance des traitements.
•
LES RECOMMANDATIONS DE LA NOTE DE L’AGENCE EUROPÉENNE DES MÉDICAMENTS (EMA)