Entrevoir l’avenir - La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FÉDÉRATION VÉTÉRINAIRE EUROPÉENNE

ACTU

Auteur(s) : KARIN DE LANGE  

La Fédération vétérinaire européenne vient de publier son premier plan d’action Vet Futures Europe. Plusieurs des six axes prioritaires clés identifiés ont été abordés lors de son assemblée générale, à la mi-novembre.

L’assemblée générale de la Fédération vétérinaire européenne (FVE), qui s’est tenue à Bruxelles (Belgique) les 10 et 11 novembre derniers, a été l’occasion de développer plusieurs des six axes prioritaires clés – leadership, parcours professionnels, élargissement du rôle vétérinaire, entreprises vétérinaires durables, bien-être de la profession et innovation technologique – identifiés dans le plan d’action Vet Futures Europe1, que la FVE vient de publier.

La question des chiens brachycéphales figurait à nouveau à l’agenda de Bruxelles. La veille, celle de l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP) avait permis à la spécialiste en chirurgie vétérinaire Tonje Trinterud (Norvège) de passer en revue les conséquences de cette “malformation congénitale” chez le chien. « La profession doit montrer du leadership », a affirmé Monique Megens, ancienne présidente de la Fédération européenne des associations de vétérinaires canins (Fecava). Elle a développé les actions menées par la Fecava dans ce domaine, comme la table ronde et les recommandations d’experts à Copenhague (Danemark)2. L’évocation du T-shirt et du masque d’entraînement réducteur d’oxygène, qui permet d’imiter la respiration difficile chez ces chiens, a captivé l’auditoire (photo page 13).

Un vide juridique pointé par la Feeva

La Fédération européenne des associations de vétérinaires équins (Feeva) représente actuellement quelque 8 000 praticiens dans 20 pays, selon sa présidente Mette Uldahl (Danemark). Pendant son rapport d’actualités, elle a signalé une lacune actuelle dans la législation. Les chevaux doivent disposer d’un passeport équin à partir de 11 mois d’âge, donc de nombreux poulains demeurent sans passeport. « Légalement, ces animaux ne peuvent pas être médicalisés », constate-t-elle, précisant que la Feeva avait reçu le soutien de l’UEVP et de la FVE pour demander à la Commission européenne de résoudre ce problème.

L’Europe dispose désormais d’un Collège de médecine sportive et de réhabilitation vétérinaires (ECVSMR), le 27e collège reconnu par le Conseil européen de la spécialisation vétérinaire (EBVS), a déclaré Jimmy Saunders, son actuel président. Il a annoncé la nomination de Lidewij Wiersma, diplômée de l’ European Veterinary Parasitology College (EVPC), directrice administrative de l’EBVS, et la mise en place d’un nouveau site web. Le Conseil travaille également à l’élaboration d’un nouveau cadre de formation pour la reconnaissance des spécialistes vétérinaires.

La crise du fipronil

« La gestion de la crise du fipronil constituait un grand défi d’un point de vue financier, social et psychologique, a noté Martijn Weijtens, de l’Autorité néerlandaise de l’alimentation et de la protection du consommateur. Après tout, ce n’est pas une maladie infectieuse, donc il n’existe pas de véritable protocole. » Par ailleurs, l’approche nationale sur les limites maximales de sécurité varie selon les États membres, tandis qu’une certaine ambiguïté réglementaire demeure : le fipronil est considéré à la fois comme un biocide et comme un médicament vétérinaire. Martijn Weijtens considère qu’il est urgent d’adopter des normes européennes, tout comme une coordination améliorée. « Le point positif qui ressort de cette crise est que la Commission vise à mettre en place des responsables nationaux de la sécurité des aliments au travers de l’Union européenne, qui seraient en lien permanent. »

Concernant la disponibilité des médicaments pour l’aquaculture, Peter Jones (Royaume-Uni) a fait le point sur FishMedPlus, la coalition de vétérinaires, de scientifiques et de producteurs aquacoles. Ce groupe de travail a déjà procédé à une analyse des lacunes3 et a exploré les obstacles et les solutions, « un document de 20 pages qui a été discuté en détail avec le comité des médicaments vétérinaires (CVMP) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) ». Prochaine étape : des discussions avec des responsables des agences nationales des médicaments, et la production d’un document de consultation.

Réglementer le bénévolat

Le travail vétérinaire bénévole à l’étranger est très populaire, et peut aussi bien concerner des soins aux chiens de refuge que la stérilisation et la vaccination d’animaux errants ou la médecine de conservation. « De nombreux vétérinaires et étudiants souhaitent combiner le bénévolat avec un voyage à l’étranger », reconnaît Andrew Robinson. Cependant, certains organismes fonctionnent de façon non réglementée, sans la participation des autorités vétérinaires locales ou sans suivre la législation locale. L’assemblée générale de la FVE a donc adopté un document de position incluant une check-list pour les bénévoles vétérinaires, mais aussi pour les organismes eux-mêmes.

Un document de réflexion sur la maltraitance animale a également été adopté, définissant le rôle et les responsabilités des vétérinaires. Il attire l’attention sur le lien entre la violence domestique et la maltraitance animale, conseille sur la façon de reconnaître les abus potentiels et aborde des sujets tels que la moralité et la confidentialité à ce propos.

Alléger le volet administratif

Lors de sa présentation d’Animal Health Europe (anciennement Ifah Europe) – « la voix de l’industrie des médicaments vétérinaires » , Roxanne Feller, sa secrétaire, a observé que les ventes européennes de médicaments pour animaux de compagnie (dont les NAC et les poissons d’ornement) ont dépassé celles pour animaux de rente. Elle a également souligné les priorités de l’organisation, comme l’augmentation de la disponibilité médicamenteuse, la réduction du « fardeau administratif », la stimulation de la compétitivité et la prise en compte des risques de santé publique liés à la résistance antimicrobienne.

Lizzie Lockett, la nouvelle directrice du Royal College of Veterinary Surgeons (équivalent britannique de l’Ordre des vétérinaires) a présenté ViVet, le réseau d’innovation vétérinaire4. Ce dernier vise à aborder l’impact de la technologie d’information, comme les appareils portables pour animaux de compagnie, la télémédecine ou encore le séquençage de l’ADN sur la pratique vétérinaire, et les rôles et responsabilités de la profession. « Les vétérinaires devraient être au centre de l’innovation du secteur de la santé animale, toutes espèces et filières confondues. »

Une base de données commune

Enfin, la délégation norvégienne a présenté des propositions pour une base de données européenne commune pour l’enregistrement des données d’identification des animaux de compagnie. La collection de métadonnées contribuerait non seulement à contrôler les maladies ou à trouver le statut vaccinal et antiparasitaire d’un chien en tout lieu, mais aussi à lutter contre le commerce illicite des chiots. « Les revenus générés pourrait contribuer à la formation permanente des vétérinaires, a affirmé Torill Moseng, présidente de l’association norvégienne des vétérinaires, dirigeante de l’entreprise DyreID5.

La prochaine assemblée générale de la FVE se tiendra à Bergen, en Norvège, les 8 et 9 juin 2018.

1 bit.ly/2iC3fR9.

2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1739 du 10/11/2017, page 28.

3 bit.ly/2iVD609.

4 vivet.org.uk.

5 ePassport.eu.

LES VÉTÉRINAIRES SONT-ILS HEUREUX ?

« Les vétérinaires sont-ils heureux ? » était le thème d’une enquête menée par l’Union professionnelle vétérinaire (représentant la profession en Wallonie), dont les résultats ont été présentés par Gregory Schoonbroodt. L’enquête a révélé que la satisfaction générale est relativement basse, en particulier dans la tranche d’âge 30-39 ans. Les vétérinaires associés, les praticiens exerçant à trois ou plus et les professionnels aidés d’auxiliaires se disent plus heureux que les employés, ceux travaillant à deux et sans auxiliaires. « Les résultats de l’enquête ont montré que la situation est critique, de nombreux confrères se sentant seuls et étant au bord de l’épuisement professionnel. »

DÉFENSEURS VISIBLES DU BIEN-ÊTRE ANIMAL

« En tant que vétérinaires, nous devons être des leaders et des défenseurs visibles du bien-être animal, ont affirmé Sean Wensley et Sean Doherty, au nom de l’Association vétérinaire britannique (BVA). Le bien-être animal devrait être la principale motivation de la profession. » Les vétérinaires devraient surmonter notre réticence à nous exprimer vis-à-vis de clients (concernant, par exemple, l’obésité ou des problèmes d’élevage) ou de vétérinaires (prendre position quant aux chirurgies modifiant la conformation). Parmi les projets actuels de la BVA, dans le cadre de la stratégie bien-être animal, figurent la vidéosurveillance dans les abattoirs et l’analgésie chez les veaux pendant les procédures d’écornage.
Petra Sindern (Allemagne) a décrit les actions entreprises par la profession vétérinaire dans son pays contre le Qualzucht (élevage torturé), comme la brachycéphalie. Plusieurs associations vétérinaires ont mis en place un groupe de travail commun pour résoudre ce problème par des actions telles que la production de dépliants pour des propriétaires, des check-lists destinées aux futurs propriétaires de chiots, des interviews à la radio et à la télévision et des échanges avec des éleveurs et des annonceurs de publicités représentant ces chiens.