Focus sur les effets indésirables des antiparasitaires externes et de la céfalexine - La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1743 du 07/12/2017

PHARMACOVIGILANCE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS 

Lors du dernier congrès de l’Afvac, s’est tenu le traditionnel module dédié à la pharmacovigilance. À côté de statistiques générales 1, un focus a été porté sur les antiparasitaires externes, qui s’avèrent fiables mais sujets à des erreurs d’utilisation, et sur la céfalexine, à l’origine de fréquents effets indésirables digestifs.

Kim Schumacher a présenté les résultats de sa thèse sur le suivi de pharmacovigilance des antiparasitaires externes, réalisé par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), de 2011 à 2015.

450 médicaments pour une trentaine de principes actifs sont potentiellement concernés (195 millions de doses ont été vendues en cinq ans en France). Cette étude n’inclut que les médicaments ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) valide et dans l’espèce concernée (n’est pas concernée, par exemple, la perméthrine chez le chat). Le manque d’efficacité est exclu. Ce travail montre que les antiparasitaires sont de loin les produits générant le plus de déclarations pour effet indésirable grave. Cependant, globalement, les spécialités montrent une très bonne innocuité : un effet indésirable grave sur 250 000 et un décès sur 650 000. Les nouveaux médicaments (formes en comprimé) présentent une disproportion d’effets non souhaités déclarés : la nouveauté et la vigilance accrue des vétérinaires et des propriétaires en sont responsables, explique notre consœur. Par ailleurs, certains produits sont mal utilisés : en particulier les sprays, les poudres ou les shampoings. Des erreurs d’administration sont notées pour l’indoxacarbe : l’appellation identique pour le chien et le chat (alors que la forme “chien” contient de la perméthrine) a mené à une confusion, et des effets secondaires sont davantage rapportés avec cette molécule par rapport aux molécules concurrentes, témoigne Kim Schumacher. Des erreurs d’utilisation par ingestion (délibérée ou par léchage) conduisent également à des intoxications. L’association de spinosad et d’ivermectine (dont les effets combinés sont pourtant indiqués dans le résumé des caractéristiques du produit) a été à l’origine de déclarations. Les antiparasitaires en comprimés produisent des effets indésirables (vomissements) chez des animaux en mauvaise santé (affections rénales ou hépatiques) : il est donc conseillé de les réserver à ceux en bonne santé.

Quid du manque d’efficacité ?

Le manque d’efficacité d’un médicament fait également l’objet de signalements. Ce retour d’information est nécessaire et permet l’amélioration des spécialités médicamenteuses : apparition de résistances, défaut de qualité, manque d’efficacité, qui pourront conduire à des investigations et à des modifications d’AMM. En 2016, 41 déclarations pointant cette insuffisance pour des antiparasitaires externes ont été envoyées à l’ANMV (sur 1 080 déclarations d’effets indésirables). Après analyse au cas par cas, deux d’entre eux ont été classés « improbables » et 35 cas sont « non conclusifs » : manque d’information dans le signalement, décalage entre l’efficacité attendue (par les propriétaires ou le vétérinaire) et l’efficacité revendiquée par l’AMM.

Effets indésirables de la céfalexine dans le traitement des pyodermites

La céfalexine, céphalosporine de première génération, est un antibiotique de première intention dans le traitement des pyodermites. Une étude prospective a été menée dans le cadre de la thèse vétérinaire de Mélodie Belz auprès de 21 propriétaires de chiens sur un éventuel lien de causalité entre l’usage de cette molécule et l’apparition d’effets indésirables. Les résultats de cette étude, présentés par Éric Fresnay, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)-ANMV, ont ainsi montré que 50 % des répondants ont déclaré des effets indésirables, avec une implication de la céfalexine jugée comme probable dans 75 % des cas (vomissements, 50 %, et/ou diarrhée, 33 %). Ces chiffres sont comparés aux déclarations reçues dans le même temps par l’ANMV et sont identiques pour les vomissements, moindres pour la diarrhée (mais les propriétaires de l’étude sont plus attentifs, ce qui peut créer un biais). « Ces effets indésirables digestifs sont bien connus des vétérinaires et trop souvent banalisés, ce qui fait qu’ils ne font pas l’objet de déclaration en pharmacovigilance », souligne Éric Fresnay. L’étude ne montre pas que l’administration au cours du repas permettrait de réduire les troubles digestifs, ce qui pourrait être logique. « La sous-déclaration des effets indésirables est majeure sur le territoire français. Pourtant, les vétérinaires gagneraient grandement à pratiquer ces déclarations dans un but d’amélioration des AMM. Les procédures en ligne ont été récemment simplifiées à cette fin », indique Éric Fresnay en conclusion.

1 Lire page 32 de ce numéro.