ANTIBIORÉSISTANCE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Chez les animaux de compagnie, la résistance bactérienne baisse, pendant que les solutions pour préserver l’arsenal thérapeutique vétérinaire se multiplient.
L’antibiorésistance reste un thème incontournable du congrès de l’Afvac. Un atelier consacré à cette problématique a permis de rappeler le rôle essentiel du praticien dans la lutte contre l’antibiorésistance. Actualité oblige, les discussions ont porté sur les résultats du plan ÉcoAntibio. Entre 2011 et 2016, l’exposition des animaux domestiques aux antibiotiques a diminué de 19,4 %. Entre 2013 et 2016, une forte baisse de l’exposition aux antibiotiques critiques est aussi constatée (fluoroquinolones, -57,4 % ; céphalosporines de 3e et 4e générations, C3G et C4G, -71,6 %).
Face à l’antibiorésistance, la résistance s’organise pour faire place aux solutions alternatives. Le second plan ÉcoAntibio, qui fait la part belle à la sensibilisation et aux alternatives thérapeutiques, a été présenté par Olivier Debaere, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Le Pr Alain Bousquet-Mélou, de l’École vétérinaire de Toulouse, a également présenté la notion d’“antibiotiques verts”, des stratégies qui contribuent à préserver l’arsenal thérapeutique, les écosystèmes bactériens commensaux et environnementaux.
Jean-Yves Madec, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), coordonnateur du Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath), a fait un point sur les résultats de la tendance de la résistance aux antibiotiques chez les animaux de compagnie. Les infections cliniques du chien sont à l’origine de nombreux antibiogrammes transmis au Résapath (un peu plus de 12 000 envoyés en 2016). Le réseau constate une baisse de la résistance bactérienne, notamment aux C3G et C4G. Chez le chien et le chat, le suivi montre ainsi une réduction ou une stabilité de la résistance chez Escherichia coli. Les Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (Sarm) restent peu prévalents chez les animaux de compagnie, bien qu’il existe une résistance du Staphylococcus pseudintermedius à la méticilline (SPRM), conférée par le gène mecA (ou mecC pour les Sarm). Mais globalement, les Sarm ne sont pas une problématique chez les carnivores domestiques. Autre point important, la diffusion des carbapénémases, qui n’est pas aujourd’hui un enjeu en médecine vétérinaire, mais dont la résistance aux carbapénèmes pourrait devenir préoccupante. En conclusion, Jean-Yves Madec est également revenu sur la nécessité de s’intéresser aux problématiques liées à l’impact des antibiotiques sur les flores commensales (y compris les cas référés), l’inter-transfert de résistances entre l’homme et l’animal et les infections nosocomiales.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la mesure 9 du plan ÉcoAntibio 2, une méthode de suivi des prescriptions d’antibiotiques a été lancée par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Une convention signée entre l’agence, l’Afvac et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) permet à des vétérinaires volontaires de fournir des données de délivrance. Cette méthode prend en compte le nombre de traitements administrés par animal et permet un suivi plus affiné du recours aux antibiotiques selon les cliniques. Gérard Moulin, de l’Anses, a présenté les premiers résultats de ce suivi, issus de 28 cliniques vétérinaires, concernant leurs délivrances de janvier 2015 à octobre 2017. Sur cette période, 67 544 médicaments contenant des antibiotiques ont été délivrés. Malgré les axes possibles d’amélioration de cette méthode (représentativité de l’échantillon, notamment), les premiers résultats montrent une plus forte utilisation des céphalosporines de 3e et 4e générations chez le chat que chez le chien, malgré une nette baisse de l’usage des antibiotiques critiques. L’étude permet également de constater une augmentation de la prescription de pénicillines.
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Pour en savoir plus : bit.ly/2AXUeJI.