CONFÉRENCES SCIENTIFIQUES
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS, JULIEN MICHAUT-CASTRILLO, LAURENT MASSON, MYLÈNE PANIZO, VALENTINE CHAMARD
Avec la thématique « Véto 2.0 : la mutation » , le dernier congrès annuel de l’association des vétérinaires canins a fait mouche, affichant une participation record.
Le congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) 2017 à Nantes (Loire-Atlantique) a réussi sa “mutation 2.0”, thème retenu, et a connu cette année encore un succès, avec plus de 3 620 congressistes et visiteurs, qui ont pu assister à 356 conférences du 23 au 25 novembre. La qualité de l’environnement du Palais des congrès de Nantes n’y est peut-être pas pour rien, non plus que le thème original et novateur de l’e-santé vétérinaire en fil rouge. Et pour être parfaitement en adéquation avec la mutation numérique annoncée, les congressistes ont pu bénéficier de l’application pour smartphone dédiée (présentation du programme scientifique et des conférenciers, avec possibilité de leur poser des questions, organisation de l’agenda personnel, envoi de notifications des rendez-vous à ne pas manquer, etc.). Trois nouveautés ont également ponctué l’événement : l’organisation d’un concours de cas cliniques des internes des écoles nationales vétérinaires, avec un prix remis au gagnant par l’association, le village des start-up au sein de l’exposition commerciale1 et le concours “mascotte”. Un large choix de thèmes, de différents niveaux de difficulté, était proposé par le programme scientifique, plusieurs salles accueillaient des travaux dirigés en petits groupes. Les sessions “savoir-faire” des groupes d’études ont, cette année encore, connu un large succès, jusqu’à manquer parfois de places assises. Les conférences proposées s’inscrivaient dans une vision globale, favorisant une approche transdisciplinaire. Une attention particulière a été apportée au bien-être animal et à la prévention. Les médecines complémentaires sont de plus en plus pratiquées et permettent de réaliser une prise en charge multidisciplinaire au service de la santé et du bien-être animal. Florilège.
1 Voir pages 37 à 41 de ce numéro.
Les émulsions lipidiques doivent actuellement faire partie de l’arsenal thérapeutique dans la prise en charge des intoxications par des produits lipophiles neurotoxiques ou cardiotoxiques (dont les antiparasitaires externes), en plus du traitement classique. Elles permettent une accélération de la récupération. Elles sont disponibles en officine (Medialipide® 20 %).
Lors de sepsis, l’hypotension est gérée par des vasopresseurs, administrés précocement, et des solutés cristalloïdes (Ringer lactate). L’utilisation des colloïdes et un remplissage majeur avec des cristalloïdes ne sont plus justifiés. La gestion antibiotique du sepsis est également en pleine mutation : elle s’articule autour de l’antibiothérapie probabiliste, la lecture critique de l’antibiogramme, la réduction des bithérapies antibiotiques et le respect des durées de traitement. Elle ne peut s’entendre qu’après gestion des foyers infectieux.
La chimiothérapie métronomique, en association à un traitement conventionnel ou en traitement palliatif, consiste à administrer plus fréquemment, mais à plus faible dose, des agents de chimiothérapie conventionnelle pour une action indirecte sur la croissance de l’environnement tumoral (immunité et angiogenèse). La toxicité et le coût de traitement sont réduits. Ces techniques, aux objectifs différents de la chimiothérapie conventionnelle, ont un réel intérêt, d’autant plus dans les approches combinées.
Les isoxazolines ont fait l’objet d’études dans le traitement de la démodécie. Leur utilisation, “hors autorisation de mise sur le marché (AMM)” dans cette indication, engage la responsabilité du prescripteur. Elles semblent bien tolérées. Pour autant, les très bons résultats obtenus dans les études poussent les scientifiques à penser que les traitements ne seraient pas seuls à l’origine d’une telle amélioration. Si elles peuvent représenter une excellente alternative thérapeutique, leur utilisation mérite d’autres études randomisées pour mettre en place les protocoles.
Les agrafeuses automatiques, comme la pince d’anastomose gastro-intestinale (GIA) ou la pince thoraco-abdominale (TA), permettent un gain de temps important et précieux lors de chirurgie digestive, même avec peu d’entraînement. Leur coût reste cependant encore élevé.
Les bistouris laser (à CO2 ou diode) ont un grand intérêt en chirurgie cutanée, d’oto-rhino-laryngologie (ORL) ou urinaire. Le bistouri harmonique, qui utilise l’énergie ultrasonore, peut lui aussi servir en chirurgie ORL et cœlioscopique. La fusion tissulaire, souvent employée en cœlioscopie, utilise l’énergie électrique et permet une coagulation rapide de vaisseaux de gros diamètre et une carbonisation limitée des tissus voisins.
Trois mesures sont efficaces dans la prévention des infections peropératoires. L’antibioprophylaxie chirurgicale à base d’un antibiotique à large spectre (amoxicilline, céphalosporines) est administrée par voie intraveineuse 30 à 60 minutes avant l’incision, répétée toutes les 1 h 30 à 2 heures en cours d’anesthésie et arrêtée à 24 heures postopératoires. L’asepsie de l’animal et du chirurgien est primordiale. Une tonte de l’animal au moment de l’induction et un nettoyage de sa peau pendant au moins 3 minutes, à l’aide d’un savon puis d’une solution de chlorhexidine, sont recommandés. Le lavage des mains et des avant-bras du chirurgien au savon doux, suivi d’un séchage et d’un double frictionnage au gel hydroalcoolique est préconisé, avant la mise en place de gants stériles non poudrés.
Un animal souffrant d’un shunt portosystémique congénital présente des signes cliniques non spécifiques d’insuffisance hépatique avec une dominance des signes nerveux (encéphalopathie), urinaires (cristaux ou calculs de biurate d’ammonium) et un retard de croissance. Le dosage des acides biliaires sériques à jeun et 2 heures postprandial est sensible, mais peu spécifique. Seul un examen d’imagerie permet de confirmer la suspicion clinique, avec une préférence des chirurgiens pour l’angioscanner par rapport à l’échographie. Le traitement de choix reste la fermeture chirurgicale du shunt, après avoir traité l’hypoglycémie et l’hypoalbuminémie et obtenu une note d’état corporel correcte. La chirurgie doit être programmée pour permettre un suivi postopératoire optimal. L’administration d’antiépileptique (lévétiracétam) 8 jours avant l’intervention est recommandée.
En nutrition, le microbiote continue à passionner les chercheurs : son implication dans l’immunité locale et générale est indéniable, mais le chemin vers sa connaissance reste long. Les prébiotiques et les probiotiques (qui doivent être vivants, résistants aux sécrétions gastriques et administrés sur le long terme) sont efficaces dans de nombreux domaines : lutte contre les pathogènes, prévention des allergies, action sur la croissance…
La physiothérapie ne se limite plus à la période postopératoire en orthopédie, mais elle a sa place dans les affections chroniques, en association avec les massages et le laser. Tandis que le massage tonique sert à stimuler une zone en particulier, le massage lent permet de décontracter. Le laser accélère la récupération fonctionnelle, stimule la cicatrisation, en orthopédie chez le chien comme lors de maux de patte chez le lapin ou de gingivostomatite chronique chez le chat.
En attendant la validation d’autres biomarqueurs, en cours d’étude, la diméthyl-arginine symétrique (SDMA) constitue la principale avancée scientifique dans le diagnostic précoce et précis de maladie rénale chronique chez le chat. Ce paramètre présente de meilleures sensibilité et spécificité diagnostiques que la créatininémie. Il est intéressant de déterminer la cause d’une maladie rénale chronique aux stades Iris 1 et 2, car les lésions peuvent alors être réversibles. Une alimentation thérapeutique est la seule mesure ayant démontré un effet sur la durée de vie du chat insuffisant rénal au stade 1, avec protéinurie, et aux stades suivants.
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