ACTU
La mondialisation du marché a déstabilisé la filière bovine laitière. Les éleveurs, en premier, ont terriblement souffert de la chute brutale du prix du lait : beaucoup d’entre eux ne sont plus éleveurs. Mais l’infrastructure autour d’eux est aussi ravagée par l’arrêt des quotas, et les vétérinaires ne sont pas épargnés : un grand nombre d’entre nous ne font plus, ou beaucoup moins, de rurale. Le temps est venu de reconstruire. À quoi ressemble la filière future ? Beaucoup de changements sont constatés sur le terrain, et l’introduction de la haute technologie n’en est pas le dernier. Le vétérinaire ne semble plus faire partie de la “top liste” des partenaires des éleveurs. Les actualités de la filière sont la réduction de l’utilisation des antibiotiques, la qualité de vie pour les animaux de production et un élevage qui soit rentable pour les éleveurs. La Semaine Vétérinaire m’offre l’unique opportunité de partager ma conviction avec vous tous : la vache elle-même est la seule qui peut répondre à toutes ces exigences. Elle sera la “vedette” dans cette démarche !
Quelle vache consommera le moins d’antibiotiques ? Laquelle répondra aux attentes des consommateurs ? C’est évident : la “verte”. Quelle vache vivra plus longtemps, produira le plus de lait dans sa carrière ? Laquelle sera la plus rentable pour l’éleveur ? Oui, encore la “verte”. Et quelle vache n’aura plus besoin de son vétérinaire ? Aïe ! Là aussi, la “verte” ! Le piège est là. Un éleveur, demain, aura de moins en moins besoin de son vétérinaire pour amener une vache individuelle du “rouge” vers le “vert”… Cependant, plus que jamais, il aura besoin de nous pour garder son cheptel “vert”. Cela semble être la même chose, mais non ! C’est exactement la différence entre soigner x unités de vaches ou, au contraire, une seule unité qui s’appelle troupeau : la médecine de troupeau ! Plus le cheptel sera “vert”, plus il sera rentable. C’est un joli challenge qui nous attend…
Logement, alimentation, équipement de traite tracent les grandes lignes : l’observation des animaux dans leur environnement crée la réussite : le regard sur le troupeau : est-ce qu’il a des anomalies ? Combien ? Pourquoi ? Comment faire ? Est-ce qu’il y a des situations à risque ? Où, quand, comment prévenir ? Eh oui, la technologie moderne dans les élevages rendra la palette des signes envoyés encore plus riche : il faut en profiter. Le regard sur les animaux est naturel pour les vétérinaires. En revanche, savoir interpréter et organiser tous les signes qui sont envoyés par nos vaches, ça s’apprend. Peut-être un fil conducteur pour la profession en 2018 ?
En cette fin d’année, je me permets de rêvasser un peu. Je vois un système d’élevage durable où les éleveurs gagnent bien leur vie et où les vétérinaires ont indéniablement leur place : comme ambassadeur des “vedettes”, les vaches. Est-ce que ça pourrait être encore la réalité ? Bien sûr que oui, j’y crois sans le moindre doute, l’avenir est pour nous, en élevage et en libéral ! Certes, nous avons du travail devant nous. Pourquoi ne pas laisser les vaches nous indiquer le chemin ? Observons-les !
Bonne année à tous !
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ELLEN SCHMITT-
VAN DE LEEMPUT