Anomalies de pied chez les poulains et état des terrains - La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1746 du 06/01/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : SERGE TROUILLET  

Le suivi des pieds des poulains est un élément majeur de la prévention de divers défauts de conformation. Les anomalies rencontrées sont variées (pied-bot, laxité, déformation latéro-médiale, etc.) et leurs causes multiples. La gestion de la croissance par une alimentation adaptée est essentielle dans cette démarche préventive : la courbe de croissance doit être la plus régulière possible.

Pour autant, l’état des terrains participe à l’amplification des troubles observés. Ainsi, un sol trop ferme ou abrasif est à l’origine d’un inconfort, des surfaces accidentées ou profondes induisent une fatigue musculo-tendineuse. L’influence des sols est plus importante chez les pur-sang ou les AQPS (autres que pur-sang), en raison de la conformation de leurs pieds : talons bas, soles fines, etc. La prise en charge des anomalies de pied doit être précoce et régulière (un peu et souvent). Quant à la correction orthopédique, elle est efficace dans la mesure où le terrain permet un bon soutien du pied. L’idéal est un sol sablonneux.

Pied-bot

En cas de contracture du doigt, la prévention repose avant tout sur une réduction des apports alimentaires, afin de diminuer la vitesse de croissance, mais également sur une limitation de l’usure des pieds par un parcage dans des paddocks au sol peu abrasif et du repos de façon à éliminer les positions antalgiques. Une prise en charge en maréchalerie est essentielle. Elle consiste en la mise en place d’une extension en pince sur la partie antérieure du pied (à la florentine), avec un suivi régulier (toutes les 3 à 4 semaines).

Un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien, voire une physiothérapie sont indiqués afin de limiter la douleur et de favoriser le relâchement tendineux et musculaire. Lorsque les talons ne touchent pas le sol, il convient de rétablir ce contact. Dans les cas les plus graves, une prise en charge chirurgicale peut se révéler nécessaire (desmotomie de la bride carpienne ou du ligament accessoire du tendon fléchisseur profond du doigt).

Laxité

À l’inverse, les laxités se caractérisent par un basculement du pied sur les glomes, avec un défaut de contact de la pince. Souvent bilatérales, elles sont fréquemment présentes dès la naissance et sont liées à une faiblesse des tendons fléchisseurs (défaut de maturité, prématurité, anomalies neuromusculaires). Elles se corrigent alors spontanément. Il convient toutefois de vérifier qu’une maladie sous-jacente n’est pas en cause, comme un arrachement distal du tendon fléchisseur profond du doigt. Cette fois, il s’agit de favoriser la croissance osseuse, en privilégiant une petite activité et une alimentation plus riche (complémenter les mères).

Si la laxité ne régresse pas dans les premiers jours de vie, un parage adapté et la mise en place de chaussons avec une extension en talon, afin de plaquer la pince au sol et de corriger ce défaut d’aplomb, sont indiqués. Une attention toute particulière doit être portée aux glomes et aux paturons, car le risque d’escarres est élevé. Les attelles et les bandages, qui aggravent la laxité, sont en conséquence contre-indiqués.

Déformation latéro-médiale

Les déformations de la boîte cornée sont généralement associées à une déviation angulaire (aplombs cagneux, avec écrasement du talon externe, ou panards, avec compression du talon interne). Un parage régulier dans les premiers mois de vie peut être suffisant dans les cas modérés. La mise en place d’extensions latéro-médiales est recommandée dans les déviations plus sévères, en association avec un traitement médical. Celui-ci peut être non invasif (ondes de choc) ou plus agressif (élévations périostées, vis, etc.), afin de ralentir ou d’accélérer la croissance osseuse. Les os du doigt connaissent une période de croissance rapide jusqu’à l’âge de 3 mois et l’effet des corrections est alors maximal, avant de diminuer fortement par la suite.

Hélène Pasquet Praticienne équine à Riom (Puy-de-Dôme).

Philippe Perrat Maréchal-ferrant en Saône-et-Loire. Article rédigé d’après une présentation faite lors du symposium de Vichy (Allier), le 2 décembre 2017.