Égypte : bientôt une première loi de protection des animaux ? - La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 13/01/2018

BIEN-ÊTRE ANIMAL

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA  

Le Syndicat des vétérinaires égyptiens a annoncé la rédaction d’un ensemble de dispositions relatives au bien-être animal. Nos confrères espèrent que ce texte, qui sera soumis au Parlement d’ici juillet, deviendra la première loi de protection des animaux élaborée dans le pays.

En 2015, des reportages et des vidéos ont révélé le martyre d’un chien, Max, attaqué et tué à coups de couteaux par un groupe d’individus. Sous la pression des internautes et des groupes de défense des droits des animaux, les délinquants ont été jugés et condamnés à trois ans d’emprisonnement. L’incident a mis en lumière l’absence de loi réglementant les droits des animaux en Égypte, qui permettrait de prévenir ce type de comportement. Le docteur vétérinaire Tarik Misk, membre du conseil d’administration du Syndicat des vétérinaires égyptiens et président de l’organisation Animal Rights Committee a révélé au média Al-Monitor, début novembre, les grandes lignes d’un projet de loi visant à changer la situation actuelle.

Dans la constitution égyptienne, il est, en effet, fait une seule fois mention des animaux dans l’article 45 introduit en 2014, stipulant que l’État s’engage à « protéger les plantes, le bétail et la pêche ; à protéger les espèces menacées ; et à prévenir la cruauté envers les animaux ». De plus, le Code pénal ne contient que trois articles sur la maltraitance animale, qui ne s’appliquent pas à tous les cas, notamment aux animaux errants.

Des peines pour ceux qui commettent des crimes contre les animaux

La future loi, si elle est adoptée, inclura des peines pour ceux qui commettent des crimes contre les animaux. Elle comprendra aussi des articles interdisant de tuer les animaux errants, sauf en cas de légitime défense (et seulement) à la condition que l’animal ne soit pas abattu par balles ou empoisonné. Elle fixera également les conditions permettant de transporter les animaux avec humanité et les dispositions réglementant l’exploitation des animaux en fonction de leur état de santé. Le texte détaillera aussi l’utilisation des animaux pour la recherche et les conditions de mise à mort dans les abattoirs. L’adoption d’un animal sera soumise à l’obtention d’un permis dans lequel sera spécifié le but de son acquisition. Tout abandon pour quelque raison que ce soit doit se faire dans un refuge.

Le syndicat est actuellement en contact avec les parlementaires qui siègent au comité de l’agriculture, de l’irrigation, de la sécurité alimentaire et de l’élevage dans l’espoir que l’un d’eux adoptera ces dispositions et parrainera ce projet de loi, qui sera soumis au Parlement d’ici juillet.

Cependant des contestations s’élèvent notamment au sein de ce comité. Tawheed Tamer, l’un de ses membres, interrogé par Al-Monitor a ainsi déclaré : « L’Égypte a de nombreux problèmes aux côtés desquels les droits des animaux semblent sans importance. Il s’agit de beaucoup de bruit pour rien. » Pour notre confrère Tarik Misk, au contraire, « le projet de loi n’est pas un luxe comme certains le prétendent. La réputation de l’Égypte concernant la maltraitance des animaux a causé de graves pertes économiques. Des pays ont suspendu l’exportation de bétail vers l’Égypte en raison de manipulations cruelles et brutales. L’Australie a ainsi pris cette décision en mai 2013 ».

Le projet de loi désigne l’Organisation générale des services vétérinaires (GOVS) comme la seule autorité responsable des animaux en Égypte. Le syndicat demande la séparation du GOVS du ministère de l’Agriculture, afin qu’il puisse devenir un organisme autonome jouissant de plus de privilèges dans le domaine de l’élevage.

L’impulsion des vétérinaires

Pour Amina Abaza, directrice de la Société de protection des droits des animaux en Égypte (Spare), l’initiative de nos confrères est attendue depuis longtemps, car l’Égypte souffre de l’absence d’une culture des droits des animaux : « Avoir le premier projet de loi sur les droits des animaux publié par le Syndicat des vétérinaires est une source de fierté, d’autant plus que les facultés de médecine vétérinaire (l’université du Caire et celle de Zagazig) font partie des établissements accusés de maltraitance animale en Égypte 1 . Spare et tous les militants des droits des animaux dans le pays sont prêts à se tenir aux côtés du Syndicat des vétérinaires, que ce soit en rédigeant la loi ou en faisant pression sur le Parlement pour discuter de la proposition. »

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