Estimez-vous que la pression réglementaire a été moins importante en 2017 ?
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Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
IL FAUT ÊTRE CAPABLE DE RÉSISTER
Pour moi, la charge réglementaire est de plus en plus lourde. Soit on la subit et elle est très lourde à porter, soit on essaie de l’éviter et on s’investit dans des territoires où elle n’est pas encore très présente. Vous avez, par exemple, une pression réglementaire qui concerne l’usage des médicaments. Il y a une obligation à maintenir un maximum de documents, qui me paraît très lourde pour l’intervenant thérapeute. Toutes ces obligations rendent le praticien moins à l’écoute de ses clients. Je pense qu’il est grave de lui faire perdre du temps sur des choses qui ne relèvent pas réellement de son métier. Il y a une forme de standardisation de toutes les pratiques, qui interdit toute individualité, toute créativité, toute sensibilité. Pour sortir de cette uniformisation, il faut faire des sacrifices, y compris de revenus. J’ai décidé de ne plus utiliser certains produits afin de ne pas être soumis à ces contraintes. Il faut voir ce que l’on accepte comme médecine et comme contraintes. Je me heurte à la prétention du sanitaire, c’est-à-dire à des pouvoirs bureaucratiques qui réglementent tout ce qui devrait être du domaine de la santé. Dans le secteur de l’homéopathie, il y a déjà un début de réglementation, mais celle-ci est moins contraignante. Il faut être capable de résister. • Paul Polis
NOUS AUSSI, NOUS AVONS DROIT À L’ERREUR
La pression réglementaire est continue et permanente. Nous l’avons notamment ressentie avec la mise en œuvre du premier plan ÉcoAntibio. Je crains que poursuivre l’augmentation des obligations administratives n’incite pas à s’impliquer davantage dans les contrôles. Face à la contrainte réglementaire, nous nous adaptons, mais il y a des choses que nous refusons d’appliquer parce que c’est trop lourd. Dans notre structure, nous faisons au mieux. Nous avons notamment responsabilisé les auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV) en leur déléguant plusieurs tâches administratives. Tout en nous assurant qu’elles soient réalisées. Globalement, l’informatique nous aide beaucoup. Nous disposons d’outils de mesure, de surveillance et faisons en sorte de respecter la réglementation. Cependant, nous n’accordons pas le temps nécessaire à leur validation et à leur vérification. Il est difficile de rester impliqués et motivés lorsque les mesures s’enchaînent. A priori, le droit à l’erreur va devenir la règle. Il faudrait que l’Administration tienne compte de tous les métiers habituels du vétérinaire, car, nous aussi, nous avons droit à l’erreur. • Estelle Prietz- Ducasse
TOUTES CES CONTRAINTES DIMINUENT LA DISPONIBILITÉ DU VÉTÉRINAIRE AUPRÈS DE L’ANIMAL
Je n’ai pas le sentiment que la pression réglementaire a été moins forte. Au contraire, elle est chaque année plus importante, avec davantage d’obligations. En 2017, de nouvelles mesures ont été prises. Je pense notamment au registre public d’accessibilité qui doit être disponible dans notre établissement, à la tenue du registre comptable pour les stupéfiants, à la gestion des écritures comptables alourdie par la loi antifraude. Nous avons également des contraintes indirectes, telles que celles contenues dans la loi “anti-cadeaux”. Désormais, dès qu’un laboratoire veut offrir un stylo bille, cela devient compliqué. Comme chaque année, toutes ces mesures se rajoutent à celles existantes. Leur mise en œuvre impacte le quotidien du praticien. Au final, ce n’est pas si simple de les appliquer. Pour faire face à cette situation, nous devons déléguer des tâches administratives aux auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV). Toutes ces contraintes diminuent la disponibilité du vétérinaire auprès de l’animal, et ce au détriment du service médical et de la qualité du service client. • Germinal Petit-Étienne