Les vétérinaires de plus en plus diffamés sur les réseaux sociaux - La Semaine Vétérinaire n° 1748 du 19/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1748 du 19/01/2018

SOCIÉTÉ

ACTU

Auteur(s) : SERGE TROUILLET 

La diffamation via Facebook constitue une source préoccupante d’inquiétude. Elle relève quasiment, pour la profession, du quotidien.

Les vétérinaires seraient-ils désignés comme des cibles idéales sur les réseaux sociaux ? Tout récemment, la clinique vétérinaire toulousaine Occitanie s’est émue d’un « déferlement de commentaires préjudiciables » pour son établissement, à la suite de l’appel à la solidarité lancé dans La Dépêche du Midi par la propriétaire du chien Happy. Si la cagnotte a dépassé le montant (2 000 €) de l’opération de son animal, qui a été sauvé en urgence après un consentement libre et éclairé, l’opération s’est mue en campagne de dénigrement de la clinique, qui a porté plainte.

Un post dévastateur

Pour Marianne Van den Plas1, le torrent de haine déclenché à son endroit par un post sur la page Facebook d’une association de protection animale a été dévastateur. Elle avait euthanasié, dans le strict respect des règles déontologiques, un chien non identifié et dangereux qui avait déjà fait l’objet de plusieurs plaintes pour morsures, et qu’aucune association de protection des animaux n’acceptait de prendre en charge. Présenté sous la forme d’une histoire tragique racontée par un chien, à la première personne, victime de la barbarie des humains qui l’ont assassiné, avec nom et adresse de la clinique incriminée, le post vengeur et cyniquement mensonger se répand alors comme une tache d’huile sur les réseaux sociaux.

Il s’ensuit immédiatement un harcèlement téléphonique qui l’empêchera totalement de travailler pendant plusieurs mois, des propos orduriers tagués sur son enseigne et sur les murs avoisinants, ses poubelles renversées puis brûlées, les portes de sa clinique et de son logement forcées. Mains courantes et plaintes se succèdent. Mais plus de deux ans après, Marianne Van den Plas n’a toujours aucune nouvelle des suites qui leur ont été données ! Et son préjudice est réel : « Après avoir vécu plusieurs mois catastrophiques, je commence seulement à me rapprocher de mon chiffre d’affaires antérieur. J’ai perdu des clients qui estiment qu’il n’y a pas de fumée sans feu ! J’ai finalement eu la paix lorsque les diffamateurs se sont trouvé d’autres proies. »

Dans le cadre strict de la loi

De plus en plus de vétérinaires sont victimes de cette sordide entreprise de démolition professionnelle. Ainsi Vincent Coupry, à Cholet, dans un contexte semblable à celui de Marianne Van den Plas. Comme elle, il a bénéficié du soutien de ses confrères internautes, membres de groupes vétérinaires fermés. Mais contrairement à elle, sa plainte n’a pas été sans effet. La personne qui l’avait injustement attaqué sur la page Facebook d’une association de protection animale s’est vue condamnée, en décembre dernier, à 1 000 € d’amende avec sursis, 2 000 € de dommages et intérêts, ainsi qu’au remboursement des frais engagés (huissier) et à 1 000 € de frais d’avocat.

Le praticien choletais juge inquiétante l’évolution de la relation à la clientèle et plus généralement la perception qu’ont les gens de son métier : « La diffamation sur les réseaux sociaux relève presque, pour les vétérinaires, du quotidien. Rares sont les jours sans que l’un d’entre nous n’en fasse les frais. Pourtant, ceux qui déversent ainsi leur fiel sont rarement compétents pour nous juger. Nous ne sommes ni des dieux lorsque nous sauvons un animal, ni des moins-que-rien lorsque nous ne parvenons pas à faire des miracles. Nous travaillons simplement tous les jours, et dans le cadre strict de la loi, à offrir les meilleurs soins possible aux animaux que l’on nous confie. »

1 La Semaine Vétérinaire n° 1652 du 27/11/2015, page 20.