La truie anarchiste

La crise agricole s’invite dans la fiction allemande avec cette tragi-comédie à la naïveté assumée et qui convoque plusieurs genres – l’absurde, la satire sociale, le road-movie, la comédie musicale, le thriller, le film de terroir – pour critiquer l’agro-industrie dominante, montrer sa violence (directe et indirecte) et plaider pour son abolition.

Petit éleveur porcin, Huber n’arrive plus à faire face à la concurrence des usines d’élevage. Ses dettes s’accumulent et la modeste ferme héritée de ses parents part à vau-l’eau. Quand sa petite amie se rend dans le Brandebourg pour diriger une nouvelle exploitation de son père (éleveur industriel), que son meilleur ami, le boucher local, se suicide après le braquage raté d’une banque et qu’enfin une météorite s’abat sur son exploitation, le jeune homme enfourche sa moto et, embarquant la seule truie qui lui reste, file sur les routes. Une vie vagabonde et libertaire où il rencontrera d’autres victimes du système (un apiculteur, un retraité exproprié, des activistes de la cause animale) et pourra exprimer sa révolte en libérant les animaux exploités. Le combat solitaire de ce Don Quichotte contemporain trouvera un écho imprévu, sera l’aube d’une révolution. Montrant avec humour – et assez peu de légèreté –, ce qu’une vie autonome peut changer, cette fable idéaliste reste une curiosité, réservée ici aux couche-tard. Dans la version originale, on reconnaîtra les chansons de Ton Scheine Scherben, groupe phare du rock allemand des années 1970-1980.
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Le Dernier Cochon d’Aron Lehmann, avec Golo Euler, Rosalie Thomass, Christoph Maria Herbst, Allemagne, 2016, 1 h 22, sur Arte, le 8 février à 23 h 50.