PREMIERS MANDATS
ACTU
ÉVÉNEMENT
Vétérinaires, élus respectivement député et sénateur, en juin et septembre derniers, Loïc Dombreval et Arnaud Bazin reviennent sur les premiers mois de leur premier mandat parlementaire.
« IL NOUS FAUT ÊTRE LE PLUS RATIONNEL, SCIENTIFIQUE ET OBJECTIF POSSIBLE »
DU LOCAL AU NATIONAL
Entre 2014 et 2017, j’ai été maire de Vence, une ville d’environ 20 000 habitants dans les Alpes-Maritimes. J’étais alors confronté au quotidien des administrés, qui exigent de leurs représentants municipaux des réponses rapides et efficaces. Le mandat local est extrêmement opérationnel. À ce titre, il contraste radicalement avec celui de député, pour lequel le temps politique est bien plus long. Lors de nos votes, à l’Assemblée nationale, nous n’appréhendons pas d’une manière aussi directe leur impact sur un territoire à l’échelle de l’ensemble du pays. L’un n’a rien à voir avec l’autre, mais les deux sont complémentaires.LES QUESTIONS DE CONDITION ANIMALE ET DE BIODIVERSITÉ
Les sujets que nous sommes amenés à examiner sont extrêmement variés et complexes. Aucun député ne peut les embrasser tous de manière approfondie. Il faut se recentrer sur ceux qui nous correspondent le mieux, sur lesquels on pense pouvoir contribuer à faire bouger les lignes durant son mandat. Dans le cadre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire dont je suis membre, ayant été maire, conseiller régional et président de la commission environnement, mer et forêt de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et parce que c’est ma formation, ma vocation et ma passion, j’ai décidé de me focaliser sur toutes les questions concernant la condition animale et la biodiversité. Les chantiers sont immenses même si, cela s’entend, ils ne sont pas exclusifs des autres.LES RENCONTRES D’ACTEURS DU TERRAIN ET LES AUDITIONS À PARIS
Pendant mes six premiers mois de mandat, et de façon extrêmement intense, je me suis polarisé sur la rencontre et l’audition d’un maximum d’acteurs possible sur ces questions. Ceux qui me sont proches, comme les vétérinaires, mais également des chercheurs, des philosophes, des écrivains, des représentants d’organisations non gouvernementales, d’associations de protection animale, de la grande distribution, des filières de production, sans oublier ceux de la haute fonction publique ou du terrain, etc. Leur apport collectif et contradictoire, d’une grande richesse, m’a été nécessaire pour bien comprendre les problématiques en jeu.À L’ÉCOUTE DES ÉLUS DE MA CIRCONSCRIPTION
Parallèlement, j’ai tenu à rendre visite à chacun des élus de ma circonscription. Je n’avais pas eu le temps de le faire pendant les élections, la campagne ayant été trop courte pour cela. J’ai ainsi pu constater que certains d’entre eux n’avaient jamais eu l’occasion de rencontrer leur député. C’est l’un des aspects positifs du non-cumul des mandats, qui permet d’être au plus près de l’ensemble des élus de sa circonscription, plutôt que de se consacrer préféremment à sa ville, comme c’était souvent le cas auparavant. J’ai ainsi parcouru plus de 15 000 km en quatre mois, notamment sur les routes de montagne, pour m’imprégner des spécificités locales. Ma circonscription, par exemple, est l’une des plus touchées en France par les attaques des loups. C’est l’une des questions sur lesquelles je travaille. À cet égard, l’expertise, entre autres, de ma consœur vétérinaire de Saint-Martin-Vésubie, Véronique Luddeni, m’est très utile.RESTER PRAGMATIQUE ET SCIENTIFIQUE
Concernant la condition animale et la biodiversité, nous avons d’énormes marges de progrès devant nous. La société réclame légitimement des évolutions dans ces domaines. Pour autant, nous devons éviter l’écueil d’une certaine forme d’extrémisme, sous la pression des lobbys les plus radicaux. Traduire dans la loi des avancées même modestes mais consensuelles ne relève pas d’un manque d’ambition, mais simplement d’un pragmatisme assumé. Il nous faut être le plus rationnel, scientifique et objectif possible. Et calmes.« LE SÉNATEUR, À L’OUVRAGE POUR SES CONCITOYENS, N’OUBLIE PAS SON PROPRE DÉPARTEMENT »
TROIS MOIS INTENSES, AVEC LA LOI DE FINANCES
L’activité du sénateur est intense et riche. Comme membre de la commission des finances, j’ai ainsi pu, à travers la discussion du projet de loi de finances pour 2018, voir battre le cœur de la nation. Cette loi détermine en effet la nature, le montant et l’affectation des ressources et des charges de l’État, ainsi que l’équilibre budgétaire et financier qui en résulte. Pendant trois mois, nous avons donc à considérer d’innombrables sujets, plus intéressants les uns que les autres. Le rythme des travaux est soutenu, avec des séances publiques en soirée, voire la nuit. Pour autant, ayant longtemps cumulé mon activité de praticien vétérinaire libéral avec des mandats municipaux, communautaires et départementaux, je suis rompu à ce type d’exercice.EN LIEN AVEC L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE VALDOISIEN
Notre lien, avec la sénatrice qui a été élue avec moi sur notre liste Les Républicains dans le Val-d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio, est avec l’ensemble du territoire valdoisien. Particulièrement avec les collectivités territoriales. Nous avons établi un calendrier pour leur rendre des visites régulières, au moins une fois par an. Notre travail parlementaire est complémentaire puisqu’elle est à la commission des lois et qu’ensemble nous couvrons énormément de sujets. Notre présence au Sénat étant requise du mardi au jeudi, je consacre le lundi et le vendredi au département, moi-même ayant conservé un mandat de conseiller départemental. L’agenda s’ajuste parfaitement, fruit d’une époque où le président de département était souvent lui-même parlementaire, ce qui se traduisait par une organisation adaptée de la vie départementale.NE PAS ÊTRE DES PARLEMENTAIRES HORS-SOL
La question qui se pose aux parlementaires, députés et sénateurs, est comment garder un lien fort avec les territoires et leurs habitants. C’est pourquoi Gérard Larcher, le président du Sénat, a dit qu’il fallait impérativement que dans le cadre de la révision constitutionnelle visant notamment à réduire le nombre de parlementaires, de députés et de sénateurs, il y ait au minimum le maintien d’un lien fort au niveau départemental, jugeant inacceptable les élections sénatoriales sur des bases régionales. Cela parachèverait cette tendance à rompre le lien entre le parlementaire et le territoire, ce que nous ne pouvons accepter. Nous allons définir des lignes rouges à ne pas franchir dans ce cadre, sur ce sujet.UN TRAVAIL, OSONS LE MOT, DE SAGE EN QUELQUE SORTE
Le travail législatif effectué au Sénat est de haute qualité ; il est moins partisan qu’à l’Assemblée nationale, même si chacun conserve ses convictions personnelles. Un travail, osons le mot, de sage en quelque sorte, qui vient compléter, améliorer, tempérer celui des députés, et qui justifie parfaitement le bicamérisme à la française en relayant les préoccupations des collectivités territoriales. Les sénateurs, qui ont pour la plupart exercé, et souvent longtemps, des responsabilités locales, en connaissent les problématiques. Même les idéologies fortes sont tempérées par le pragmatisme nécessaire pour faire fonctionner les collectivités au quotidien.DES PROJETS D’URBANISATION MAJEURS, POUR LE VAL-D’OISE
Si le sénateur est à l’ouvrage pour l’ensemble de ses concitoyens, il n’en oublie pas pour autant son propre département. Dans le Val-d’Oise, la ligne 17 du métro automatique, l’urbanisation du triangle de Gonesse avec un grand quartier d’affaires et EuropaCity sont autant de projets structurants majeurs. Je souhaite qu’avant la fin de mon mandat, tous soient consolidés dans leur décision et surtout dans leur agenda, afin que l’on puisse recueillir enfin les bénéfices de la croissance du produit intérieur brut de notre département, ainsi qu’en matière d’emplois, puisque rien que sur le projet EuropaCity, 12 000 emplois seraient concernés. C’est donc extrêmement important pour nous.