Optimiser l’immunité pour lutter contre la parvovirose du nouveau-né - La Semaine Vétérinaire n° 1749 du 27/01/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1749 du 27/01/2018

VIROLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINA CHAILLAUD  

À la fois sources de protection et de transmission du parvovirus, les mères reproductrices doivent faire l’objet de toutes les attentions dans la lutte contre la maladie, qui inclut une bonne prise colostrale, un protocole vaccinal adapté et une gestion sanitaire optimale.

La mère joue un rôle ambivalent dans l’infection par le parvovirus chez les chiots, rappelle notre confrère Aurélien Grellet à l’occasion d’une soirée sur le thème « Parvovirus et immunité chez le chiot », organisée par NeoCare1, le 11 janvier dernier à l’École nationale vétérinaire de Toulouse2. En effet, la mère confère à ses chiots la meilleure des protections contre le parvovirus canin-2 (CPV2) grâce aux anticorps colostraux. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles il faut absolument prioriser une bonne prise colostrale, notamment très précoce (dans les 8 premières heures de vie).

Peser les nouveau-nés pour estimer le degré de protection

Dans le cas de la parvovirose, la distinction entre “malade” et “non malade” doit être nuancée. Chez les chiots, la sévérité de l’expression clinique (vomissements, diarrhées hémorragiques, anorexie, déshydratation, mort) est inversement corrélée à la concentration sanguine en anticorps colostraux. Or les chiots ne sont pas tous protégés de la même façon à la naissance, puisque le colostrum n’est pas de la même qualité d’une chienne à l’autre, et que la prise colostrale n’est pas égale au sein d’une même portée. Il est estimé qu’à 2 jours de vie, près de 40 % des chiots dans un élevage donné n’auraient pas acquis le taux d’anticorps protecteur minimal contre le CPV2.

Afin d’estimer le degré de protection d’un chiot, il suffit de le peser à la naissance et à 2 jours de vie. C’est le sujet d’une large étude NeoCare® : le taux de croissance entre la naissance et l’âge de 2 jours est fortement corrélé à la qualité de transfert de l’immunité colostrale. Une perte de poids dans ce délai correspond à une faible concentration sanguine en anticorps anti-CPV2 chez le chiot.

Une excrétion du virus malgré la vaccination

Outre son rôle protecteur via le colostrum, la mère est aussi une source de parvovirus. Les chiennes gestantes et allaitantes à jour de vaccination peuvent excréter du CPV2 en grandes quantités sans exprimer de signes cliniques : 20 % des chiennes excrètent dès la mise bas, 45 % à 35 jours et même 70 % à 49 jours après la mise bas dans un élevage contaminé. Les charges virales excrétées dans le deuxième mois de lactation sont énormes puisqu’elles correspondent aux charges retrouvées chez les animaux malades de parvovirose. Compte tenu de la résistance importante du CPV2 dans l’environnement, il est donc conseillé de toiletter la chienne avant son entrée dans la maternité. Si la chienne doit évidemment être à jour de vaccination lors de la mise à la reproduction, un boost vaccinal au moment de la saillie, de la gestation ou de la lactation ne présente probablement pas d’intérêt, du fait en particulier de l’immunodépression de la gestation et de la lactation.

Les co-infections et infestations dans le tube digestif (Giardia, Toxocara canis, coronavirus) pourraient favoriser la multiplication du CPV2, ainsi que des épisodes cliniques malgré la vaccination. La vermifugation de la chienne en cours de gestation et pendant la lactation est donc indirectement favorable.

Le CPV2 est très résistant dans l’environnement (350 jours). L’optimisation de la gestion sanitaire de l’élevage et les bonnes pratiques de l’éleveur restent cruciales : sectorisation, marche en avant, nettoyage et désinfection, application de quarantaine, densité animale faible.

Un protocole de primovaccination en trois injections

Un protocole en trois injections de primovaccination à 8, 12, et 16 semaines pour tous les chiots permettrait de protéger correctement les 8 % de chiots non immunisés par le protocole standard, souligne notre confrère Pierre Bergamo, du laboratoire Boehringer Ingelheim. Le premier rappel à 1 an reste primordial. En cas de risque important, il est également possible de protéger certains chiots précocement par un vaccin monovalent “surtitré”, qui abaisse le seuil d’interférence vaccinale et permet de vacciner plus tôt, malgré la présence des anticorps maternels.

1 Centre dédié à l’élevage et à la reproduction canine et féline.

2 Visible également sur la page Facebook de NeoCare.