Les fractures de fatigue - La Semaine Vétérinaire n° 1751 du 10/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1751 du 10/02/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

La blessure est un aléa de la vie du sportif. Chez le cheval, les possibilités de traitement sont parfois limitées. Plusieurs problématiques entrent en jeu : gestion de l’urgence, solutions de traitement, bien-être animal et opinion du public (qui regarde tout ce qui paraît inacceptable dans les pratiques auprès des animaux).

La blessure est-elle quelque chose d’inéluctable ou d’évitable ? Sur le plan des connaissances, beaucoup d’éléments sont disponibles chez le cheval de course, aucun ou moins dans les autres disciplines sportives.

La prévalence des fractures est de 0,1 à 1 % des chevaux au départ de course. En endurance, il existe très peu de données scientifiques. Une publication de 2010 portant sur une clinique de référés qui accueillent des chevaux des Émirats montre que, sur 38 fractures, 22 surviennent en course et 16 à l’entraînement. Dans les trois quarts des cas, ce sont des fractures du métacarpe et de la première phalange.

Les facteurs de risque

Les facteurs déclenchant la fracture sont une cause mécanique et l’effort.

Les risques liés à la course

- Trot, plat, obstacles (disciplines présentant le risque le plus important, par ordre croissant).

- Courses avec beaucoup de partants.

- Courses d’amateurs.

- Courses à fort enjeu.

- Courses de longue distance (> 1 671 m).

- Pistes utilisées fréquemment.

- La nature du sol influence le type et la localisation de la fracture.

Les risques associés à la gestion du cheval

- Âge et début de course tardifs sont plus à risque.

- La première année de course est plus accidentogène, avec des chevaux moins expérimentés (obstacles).

- Une pathologie préexistante.

Les risques liés à la charge de travail

- Pas de galop à l’entraînement ou galop sur piste ou sable.

- Temps de travail excessif les 2 mois précédant la course.

- Long intervalle entre deux courses.

Le galop est plus ostéogénique que le canter.

Les facteurs de risque en endurance

- La course : localisation, distance.

- Cavalier (homme).

- Cheval : mâle, entier, âgé.

- Faible temps de repos depuis la dernière course (tous les chevaux morts en cours étaient ceux qui avaient accumulé des courses dans la saison).

- Gestion de la course (vitesse).

La prévention

Est-il possible de prévenir les fractures de fatigue et les autres risques associés à la course ? Une étude de l’université de Cornel (États-Unis) dans le milieu des courses a été menée pendant 5 ans : les auteurs ont imposé que tout cheval mort sur une course soit autopsié. Ils ont analysé les causes et en ont tiré des conséquences et des modifications réglementaires. Ils ont fait un retour vers les propriétaires, les entraîneurs, les vétérinaires. La saison suivante, ils ont constaté une baisse de 13 % des accidents.

Les éléments essentiels :

- détection précoce des signes de fatigue osseuse : sclérose de l’os sous-chondral, nécrose de l’os carpal 3, condyles métacarpiens ou os sésamoïdes proximaux (SP) ;

- les signes cliniques ne sont pas évidents en début d’évolution ;

- traiter est indispensable pour le bien-être de l’animal. En revanche, attention aux effets sur le métabolisme ostéo-cartilagineux de certains médicaments : corticoïdes, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), certains antibiotiques ;

- la gestion de la remise en activité est essentielle. Dans l’étude, les fractures survenaient le plus souvent sur des chevaux traités et qui étaient remis en course.

En conclusion, tout ce qui a été fait dans le milieu des courses est riche d’enseignements. La réduction de la prévalence est possible. Chez le cheval de sport, il n’y a quasiment aucune étude de disponible.

POINTS FORTS


• Les fractures de fatigue sont plurifactorielles : terrain, piste, conditions climatiques, cavalier, cheval, âge, entraînement, historique de course, etc.

• La réduction de la prévalence est possible.

Céline Robert Professeure à l’ENVA. Article rédigé d’après la conférence intitulée “Fractures de fatigue et autres problèmes évitables“, présentée lors des journées annuelles de l’Avef à Paris, les 13 et 14 décembre 2017.