CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
Le bien-être animal englobe plusieurs aspects, qui peuvent être appréciés différemment selon la personne. Il y a une question de point de vue, de culture ; il convient de trouver un équilibre entre les nécessités du sport, du cheval. Des dérives sont possibles. Le vétérinaire a un rôle éducatif. Auprès du grand public, il peut dire ce qui est acceptable ou pas.
En endurance, le bien-être du cheval est à considérer sous plusieurs facettes, notamment en veillant à l’adaptation du niveau d’entraînement du cheval à sa capacité. Plusieurs facteurs entrent en jeu aussi : les méthodes plus ou moins coercitives, ou laxistes, la compétence du cavalier.
Le rôle du vétérinaire est de constater les problèmes de bien-être animal et de les corriger très vite.
En compétition, les facteurs qui peuvent perturber le bien-être sont également multiples : transport, environnement inconnu, repas modifiés, isolement en box, budget temps perturbé, effort physique important. Le cheval est capable de s’adapter si l’environnement est bien préparé. Les règlements de la Fédération française d’équitation (FFE) et de la Fédération équestre internationale (FEI) prévoient des contrôles.
Le bien-être du cheval est à envisager après la compétition également, avec un délai de repos, mais pas trop de temps d’inactivité non plus. Le squelette s’adapte aux contraintes physiques ; si le cheval est laissé au repos, il va falloir le retravailler pour une reminéralisation du squelette. Il n’y a pas une période idéale de repos : pour certains, un mois suffit, mais si le cheval accumule les courses, ce rythme peut poser un souci.
La course d’endurance entraîne une énorme production de chaleur. La particularité de l’effort en endurance est sa durée, qui est longue.
En outre, sur le terrain, les contraintes se gèrent différemment d’un concours hippique : le vétérinaire est éloigné de sa base, l’environnement peut être hostile (cheval qui fait une syncope près d’un cours d’eau, par exemple), c’est souvent une “zone blanche” (non couverte par le signal radio), difficile d’accès en 4 x 4, etc. Il est nécessaire de “jongler” avec les urgences aux écuries (comme les coliques).
Au vet-gate, un cheval peut arriver boiteux, présenter un trouble métabolique, du comportement, un collapsus, alors qu’une foule de spectateurs est présente. L’essentiel du traitement des urgences réside dans la prévision : protection du public par des paravents. Il est aussi possible de définir un périmètre de sécurité. Le matériel à disposition immédiatement est la crash box : attelles, bandages, perfusions aux lieux stratégiques. Il convient aussi de prévoir les chemins d’accès et d’évacuation, ainsi qu’une clinique pour référer (qui aura été prévenue).
Que faire à l’arrivée ? D’abord, sécuriser les lieux, car les autres concurrents, qui empruntent le même chemin, peuvent blesser le praticien. Il convient d’évaluer très rapidement l’état de l’animal (fréquence cardiaque, temps de recoloration capillaire ou TRC, pli cutané) et de placer une voie veineuse. L’objectif est de stabiliser son état et de préparer son évacuation. Ensuite, une évaluation aussi complète que possible doit être pratiquée, sans oublier de relever sa température. La prise de photographies peut aussi être utile.
Les gestes d’urgence sont la mise en place d’une perfusion et le rétablissement d’une volémie normale. Le liquide de choix est le chlorure de sodium isotonique. En dessous de 10 l, le niveau est insuffisant. Ensuite, il peut être utile de chercher à rétablir la glycémie, les électrolytes, mais il convient de rester vigilant, car on ne dispose pas de laboratoire sur place. Il est également primordial de limiter la douleur.
L’évaluation orthopédique peut être différée, notamment si le cheval est couché, dans le respect de celui-ci.
Avec un cheval fatigué par l’endurance, certains signes sont parfois trompeurs et l’animal paraît aller bien (par exemple, des shunts capillaires ouverts qui simulent un TRC de 15 secondes, alors qu’il est de 45).
Les traitements peuvent avoir des effets secondaires, ils sont à utiliser avec prudence. Il est indispensable de se réserver du temps pour évaluer l’action des molécules, et, surtout, de rétablir la volémie avant de prendre une décision.
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