REVUE DE PRESSE
PRATIQUE MIXTE
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Des chercheurs de l’université d’Illinois (États-Unis) ont comparé le comportement de butinage d’abeilles placées dans des conditions semi-naturelles (vol libre) face à la présence de xénobiotiques1 dans leur nourriture. Des recherches antérieures ayant, par exemple, révélé un phénomène de “pollen emmuré” dans des cellules de la ruche lorsque celui-ci contenait un taux élevé de fongicides. Ici, 5 xénobiotiques synthétiques, ainsi que 9 naturels sont testés, à raison de 2 herbicides (atrazine et glyphosate), 3 fongicides (boscalid, chlorothalonil et prochloraze), 1 alcaloïde (caféine), 3 acides phénoliques (acide caféique, acide cinnamique et acide p-coumarique), et 5 flavonoïdes (chrysine, galangine, naringénine, pinocembrine et quercétine). Au préalable, un test sur quelques butineuses permet de déterminer les concentrations à étudier afin de ne pas déclencher d’effets toxiques aigus2.
L’expérimentation consiste à comparer des abeilles de deux ruches, chacune ayant un accès contrôlé à leur nourriture (eau sucrée à 25 % + pollen). Les abeilles de chaque ruche ont d’abord accès à l’eau sucrée seule, puis mélangée à du solvant pour la ruche témoin, ou à du solvant et à un xénobiotique (plusieurd concentrations testées) pour la ruche testée. Le comportement de butinage, caractérisé par la consommation d’eau (A) et l’importance des visites (B), montre des différences significatives entre les deux groupes, pour plusieurs des molécules testées. Les abeilles préfèrent systématiquement l’eau enrichie en quercétine, que ce soit pour le paramètre A ou B et quelle que soit la concentration testée. De précédentes études ont d’ailleurs montré les bienfaits de cette molécule pour la santé des abeilles. Une préférence pour l’eau contenant du glyphosate ou du chlorothalonil apparaît pour respectivement 10 ppb et 0,5 et 50 ppb4, pour le seul paramètre A. Pour les autres concentrations, aucune différence dans le butinage n’a été observée pour ces deux molécules. Selon les chercheurs, une explication pourrait résider dans l’attrait des abeilles pour un goût nouveau, un comportement bien documenté dans une précédente étude5, ce qui permettrait de découvrir de nouvelles ressources pour améliorer la santé de la colonie. Dans ces conditions, ces molécules représenteraient un plus grand risque que ce que l’on pouvait suspecter jusqu’à présent.
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1 Molécules étrangères à un organisme vivant et considérées comme toxiques (définition du Larousse).
2 Les concentrations n’induisant pas de différences significatives de mortalité, avec au moins 80 % de survie de l’abeille à 48 heures, ont été retenues.
3 Au moins trois concentrations testées.
4 1 partie pour milliard = 10-9.
5 Liang Z.S., Nguyen T., Mattila H.R. et coll. Molecular determinants of scouting behavior in honey bees. Science. 2012;335(6073):1225-1228.
Liao L.H., Wu W.Y., Berenbaum M.R. Behavioral responses of honey bees ( Apis mellifera ) to natural and synthetic xenobiotics in food. Sci. Rep. 2017;7(1):15924. go.nature.com/2F5K3CG.