PARASITISME
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : STÉPHANIE PECQUEUR ET ALBERT AGOULON
Le recours à des vermifuges à large spectre est la règle pour la majorité des praticiens. Pourtant, la résistance aux anthelmintiques devrait remettre en question cette habitude, en particulier chez les chats n’ayant pas accès à l’extérieur.
Une étude épidémiologique1 des parasites digestifs du chat a été réalisée à Oniris, dans le but d’objectiver la différence d’infestation des chats d’intérieur et d’extérieur. Le parasite le plus rencontré dans cette étude est Toxocara cati, avec 24 chats positifs à la coproscopie sur 304. Les chats de moins de 1 an apparaissent plus parasités. Aucun écart n’est noté entre les prévalences de toxocarose chez les chats d’intérieur et ceux d’extérieur tous âges confondus, ce qui signifierait qu’il n’existe pas de différence nette de risque en fonction du mode de vie. En revanche, en ne s’intéressant qu’aux sujets de plus de 1 an, aucun chat d’intérieur n’est retrouvé positif pour Toxocara cati, avec une différence significative de prévalence relevée face à la population de chats d’extérieur. Pour les sujets de moins de 1 an, les résultats sont identiques entre la population ayant accès à l’extérieur et celle n’y ayant pas accès, ceci probablement en lien avec l’infestation possible via le lait maternel. Par ailleurs, un chat d’intérieur strict se révèle positif pour Dipylidium caninum, cestode transmis par les puces.
En parallèle, une enquête1 réalisée auprès de 730 praticiens montre que seuls 14,1 % d’entre eux préconisent au minimum quatre vermifugations par an, quel que soit le mode de vie de l’animal. Une grande majorité de répondants (82,9 %) indiquent diminuer la fréquence de vermifugation chez les chats d’intérieur. À l’inverse, seuls 40,5 % des vétérinaires conseillent parfois plus de quatre vermifugations par an lorsque l’animal vit avec des enfants (recommandations de l’Esccap2). Les vétérinaires déclarent également majoritairement (81,4 %) utiliser des présentations à large spectre (actifs contre les cestodes, les nématodes et les parasites externes), quel que soit le mode de vie de l’animal. Aucun vétérinaire n’indique réaliser systématiquement une coproscopie avant la vermifugation, et 35,9 % n’en pratiquent jamais. Un répondant sur deux l’utilise parfois, via un laboratoire d’analyses, et seul un sur cinq la fait par lui-même. Pourtant, un vétérinaire sur deux reconnaît que cet acte peut être utile, mais la coproscopie n’est pas utilisée soit par manque de temps (un répondant sur trois), soit par méconnaissance de la technique ou de la diagnose (un sur deux).
En confrontant ces deux études, il est permis de conclure que la gestion du parasitisme des carnivores domestiques devrait s’individualiser en prenant en compte le mode de vie de l’animal et en utilisant, avant tout traitement, la coproscopie comme outil de diagnostic. Il convient de s’interroger sur l’impact du traitement d’un animal “à l’aveugle” sur sa santé, l’environnement et l’induction de résistances des helminthes. La coproscopie devrait se vulgariser pour les carnivores domestiques, avant d’en arriver à la situation rencontrée dans les espèces équine ou caprine, pour lesquelles l’émergence de résistances aux anthelminthiques a conduit à ne traiter que les animaux contrôlés positifs en coproscopie et même à vérifier la réussite des traitements via ce même outil.
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1 Pecqueur S. « Étude épidémiologique sur le parasitisme digestif félin : intérêt de la prise en compte du mode de vie du chat et des résultats d’analyses coproscopiques dans le choix du protocole anthelminthique ». Thèse de doctorat vétérinaire, Oniris, 2017.
2 European Scientific Counsel Companion Animal Parasites.