Clinique Mon chat et moi : la prévention au cœur de la stratégie - La Semaine Vétérinaire n° 1753 du 24/02/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1753 du 24/02/2018

ÉQUIPEMENT

ÉCO GESTION

Auteur(s) : TEXTE ET PHOTOS DE FRÉDÉRIC THUAL  

Structure française entièrement dédiée au chat, la clinique vétérinaire nantaise Mon chat et moi, créée en 2012 par Cyril Berg, vient d’être certifiée Cat friendly par la Société internationale de médecine féline (ISFM) et s’investit dans la prévention.

Derrière une large façade vitrée, ornée d’un poster géant d’un magnifique ragdoll aux yeux bleus, l’intérieur est blanc, épuré, rehaussé d’aplats de couleur, habillé d’un mobilier design et de portraits félins signés du photographe Miguel Sandhina. Si ce n’est quelques sacs de croquettes exposés à l’accueil, on se croirait presque dans un institut de beauté… « J’avais envie d’un lieu confortable et tranquille », explique Cyril Berg (N 98), créateur de la clinique Mon chat et moi. Un concept inédit, lancé en 2012, entièrement tourné vers les chats… et leur propriétaire. « Pour éviter que l’un et l’autre ne se transmettent leur stress », explique-t-il.

Vétérinaire mixte pendant 13 ans, Cyril Berg était las de courir après l’horloge et de passer du coq à l’âne dans son activité. « Chaque jour, je regrettais de ne pas avoir le temps d’aller au fond des choses », dit-il. Le projet mûrit deux ans. « D’abord, il faut aimer les chats. Ensuite, bien réfléchir, assumer financièrement, et mener une solide étude de marché », égrène-t-il. Pas simple. Si le nombre de chats progresse au détriment du chien, les statistiques d’une clinique positionnée sur une mono-activité sont inexistantes.

Le bien-être animal passe aussi par le confort des salariés

Lui mise sur l’innovation et le bien-être animal. Avec l’aide d’un architecte d’intérieur, il agence les 160 m² d’un espace situé en pied d’immeuble. Dès l’entrée, un double sas vitré évite les échappées intempestives. Dans le hall d’accueil en forme de “L”, deux espaces distincts permettent d’éviter les hostilités félines avant la consultation. Chaque recoin dispose de canapés et d’une table surélevée pour poser les paniers de transport. « Nous nous adressons à une clientèle plutôt féminine, aussi l’endroit joue sur le cocooning. La couleur des murs ne va pas jusqu’au plafond pour éviter une impression oppressante. Les tables pour animaux sont en bois et arrondies plutôt qu’en acier avec des angles vifs. Le sol est recouvert de moquette… », explique Cyril Berg. L’accueil dessert deux salles de consultation. Plus loin, un couloir accède au chenil et à deux espaces d’hospitalisation, dont un est réservé aux animaux contagieux, à des salles de soins, de chirurgie, d’imagerie. Une salle de repos, équipée d’une cuisine et d’une baignoire, est pensée pour le confort du personnel. « La clinique est ouverte 64 heures par semaine, de 8 heures à 19 heures », précise le créateur de la structure, qui emploie aujourd’hui trois auxiliaires spécialisées vétérinaires et deux vétérinaires, dont certains à temps partiel.

Cyril Berg s’est, lui, perfectionné en ligne et en anglais avec les formations dispensées par la Société internationale de médecine féline (ISFM). « La clientèle est exigeante. Elle vient dans une clinique pour chats et attend, donc, des explications et des conseils avisés. En contrepartie, elle est beaucoup plus attentive et réceptive à la mise en œuvre de soins complémentaires », observe-t-il. Du coup, ici, chaque consultation dure au moins 30 minutes ; « du temps pour que l’animal s’habitue à l’environnement. On donne des explications sur les maladies, les soins et les tarifs ». Le prix de la consultation est fixé à 45 € la demi-heure. Le praticien touche principalement une clientèle de proximité, aussi bien des CSP + (catégories socioprofessionnelles favorisées) que des personnes socialement plus fragiles.

Des plans de prévention et des Kitten class

En 2017, cinq ans après sa création, la clinique Mon chat et moi a été accréditée Cat friendly clinic silver par l’ISFM. Cette labellisation – tolérée par l’Ordre vétérinaire – valide la qualité de l’accueil et le bien-être animal. « Cela correspond à des critères liés à la formation des équipes, à l’agencement et aux équipements de la clinique », explique Cyril Berg. Après la récente acquisition d’un échographe, la structure vient de mettre en œuvre des plans de prévention et des Kitten class, des classes semi-collectives d’une heure et demie pour aider le propriétaire à mieux comprendre la vie du chaton, encadrer son éducation, suivre l’évolution de son comportement, de sa croissance, les règles dans la famille, etc. « Un chat, ça s’éduque, souligne Cyril Berg. L’approche comportementale, c’est aussi notre marque de fabrique. » L’équipe a été formée pour acquérir les éléments de langage et expliquer les enjeux. Dispensées au printemps et à l’automne, ces sessions sont soit facturées, soit incluses dans les plans de prévention proposés par la clinique. « Les gens sont peu conscients de la pertinence de la prévention. Or, quand un chat est malade, il est souvent trop tard », affirme le vétérinaire, qui a mis en place une formule d’engagement sur l’année. Elle comprend soit deux rendez-vous annuels et diverses options selon l’âge du chat, soit trois consultations pédiatriques pour les chatons d’intérieur ou d’extérieur de moins de 1 an.

Accompagnée par l’expert en stratégie et organisation des entreprises vétérinaires Philippe Baralon, du cabinet Phylum, cette approche est devenue un vrai projet d’entreprise pour améliorer la prévention, le suivi de l’animal, la fréquentation et optimiser l’organisation de la clinique. « Après deux années de lancement et deux autres de forte croissance à 20 %, la clinique s’essoufflait. Aussi, pour rebondir, nous investissons dans une formation dispensée par l’O pca 1 Actalians pour ausculter le management, mettre à jour les coûts cachés et déterminer les leviers de croissance. L’objectif est aussi de passer tout le monde à 100 %. » Au fil des années, la structure a démontré la viabilité du concept. Jusqu’à la mise en place de primes et d’un intéressement pour les salariés. Une satisfaction pour Cyril Berg, parti de zéro. « Après m’être serré la ceinture pendant deux ans, je perçois, aujourd’hui, 30 % de moins que lorsque j’étais en mixte, mais l’activité me correspond parfaitement », reconnaît-il, fier d’avoir pris le temps de relever ce défi.

1 Organisme paritaire collecteur agréé.


•  Statut juridique : société d’exercice libéral à responsabilité limitée (Selarl).

•Activité :activité dédiée au chat.

•  Horaires :ouverture du lundi au vendredi de 8 h à 19 h et le samedi de 9 h à 18 h. Consultation sur rendez-vous.

•  Effectif : deux associés et trois auxiliaires spécialisées vétérinaires.


• Un parking privé de trois places.

• Des consultations de 30 minutes.

•  Des plans de prévention pour étaler les frais vétérinaires et constituer une trésorerie.

•  Une communication en phase avec les nouveaux usages des clients.

• Un espace de soins sans bruit et sans odeur.

•  Stationnement complexe sur un axe très fréquenté.

•  Difficulté de dupliquer un concept très personnalisé.

•  Située à Orvault (Loire-Atlantique), la clinique échappe aux recherches internet intitulées “Vétérinaire Nantes”.

•  Une croissance de + 5 % en 2016, contre + 20 % les deux années précédentes.

• Le concept est copié.