ACCIDENT PROFESSIONNEL
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA
La British Equine Veterinary Association (Beva) a lancé, début février, une campagne intitulée “Don’t break your vet”, visant à encourager les propriétaires de chevaux à réduire les risques auxquels sont confrontés les vétérinaires équins dans l’exercice de leur profession.
Cette initiative consiste en une série de courts tutoriels vidéos1 mettant en scène la vétérinaire et comportementaliste Gemma Pearson (Glasgow 09) et le praticien Malcom Morley (Bristol 93), qui expliquent des techniques simples et rapides pour calmer les chevaux et les préparer aux gestes du vétérinaire tels que les injections, la tonte, la vermifugation, les examens et autres procédures.
“Don’t Break your vet” fait suite à une étude2 publiée dans la revue Equine Veterinary Education, le 28 janvier, qui démontre qu’en 30 ans de carrière un vétérinaire équin risque de subir environ huit blessures nécessitant un traitement et/ou entraînant un arrêt de travail. La plupart des blessures les plus graves se sont produites alors que le vétérinaire réalisait les actes les plus courants de la pratique équine.
Le but de cette étude, intitulée Risques professionnels liés au travail avec les chevaux : enquête par questionnaire auprès des vétérinaires équins, est de quantifier le nombre, les types et les causes de blessures subies par les praticiens équins britanniques, ainsi que leurs traitements et leurs conséquences à court et à long terme. Cette enquête a été menée auprès d’un grand nombre de confrères par l’intermédiaire d’un questionnaire en ligne. 2 292 blessures ont été signalées par 620 sondés totalisant près de 8 204 années d’exercice équin, ce qui équivaut à une blessure tous les 3 ans et 7 mois. Les raisons les plus courantes de l’intervention auprès du cheval sont la boiterie du pied et l’examen dentaire, suivis par d’autres procédures que le vétérinaire exécute très régulièrement. Les blessures les plus fréquentes subies par les praticiens ont lieu sur la jambe et la tête. Leur principale cause est un coup donné par le cheval avec son membre postérieur. Les ecchymoses, les fractures et les lacérations sont les lésions les plus couramment signalées. 33 % des blessures ont entraîné une hospitalisation ; de plus de 24 heures pour 43 % des interventions. Dans 7 % des cas, une perte de conscience a été observée.
L’étude conclut, cela va sans dire, que la pratique vétérinaire équine fait partie des professions à risque. Il est donc nécessaire d’établir des systèmes de travail plus sûrs et d’éduquer de manière intensive la profession et toute personne manipulant les équidés. D’où la mise en place de la campagne “Don’t break your vet”, à propos de laquelle le président de la Beva, David Mountford, a déclaré : « De nombreux accidents se produisent lorsque les vétérinaires essaient de travailler avec des chevaux qui ont appris à éviter un examen ou un traitement et avec des personnes qui ne contrôlent pas totalement la contention. Le travail de Gemma à l’école royale vétérinaire 3 et ses formidables vidéos montrent comment un peu de préparation peut avoir un grand impact sur la sécurité des chevaux, des propriétaires et des vétérinaires. »
Les sept vidéos pratiques, intitulées, par exemple, Injections faciles, Tonte calme, Vermifugation sans souci ou encore Apprendre à rester immobile, expliquent de façon simple comment entraîner et préparer un cheval à l’intervention du vétérinaire.
Dans ses tutoriels, Gemma Pearson utilise le principe du clicker training, une méthode d’éducation basée sur le renforcement positif (quand le cheval a le comportement souhaité, la vétérinaire lui donne une récompense gustative et fait simultanément un clic à l’aide d’un petit boîtier). Ces vidéos s’inspirent du “webinaire” eBeva Practical Equine Behaviour de Gemma Pearson et du guide sur la gestion des risques équins4 produit par la Beva.
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Don’t break your vet” a été favorablement accueillie et très relayée une semaine seulement après son lancement, la campagne ayant été vue par environ 200 000 personnes. Les vidéos font d’ores et déjà l’objet de très nombreux visionnages et David Mountford espère que les cliniques vétérinaires vont continuer à partager ces tutoriels avec leurs clients, afin de renforcer la sécurité de tous : cheval, propriétaire, vétérinaire et auxiliaire spécialisé.
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3 Gemma Pearson enseigne la pratique équine à l’université d’Édimbourg, The Royal (Dick) School of Veterinary Studies.