Adapter une machine de kinésithérapie humaine pour rééduquer les chiens

Comment vous est venue l’idée de développer l’imoove ^® en médecine vétérinaire ?

Ludivine Jacquemin-Bietrix : En 2013, je suis allée chez mon kiné pour faire de la rééducation et j’ai été amenée à utiliser l’imoove^®. Je pratiquais déjà la physiothérapie vétérinaire et j’ai vu les intérêts, sur le plan tant pratique que médical, que pourrait avoir un tel appareil pour mon activité. En me renseignant, j’ai découvert que la société qui avait créé cet appareil était basée à moins de 10 km de chez moi ! Je l’ai alors contactée. En juin 2014, j’ai réussi à convaincre son dirigeant de se lancer dans l’aventure.

Comment avez-vous adapté cette machine aux spécificités vétérinaires ?

L. J.-B. : En août 2014, l’entreprise m’a prêté l’imoove^® 100, utilisé pour la kinésithérapie gériatrique. J’ai pu tester son acceptation par les chiens et orienter son adaptation aux spécificités de la pratique vétérinaire. Les barres qui servent d’appui pour les humains ont été supprimées et remplacées par un tapis antidérapant, le plateau a été augmenté de taille et changé de sens pour correspondre au mouvement physiologique du chien. Pas besoin de système pour attacher le chien, il suffit d’asseoir le maître sur une chaise face à son animal et qu’il lui gratouille la tête !

Comment la commercialisation se passe-t-elle ?

L. J.-B. : L’imoove^® a été présenté pour la première fois en 2015, au congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), et une quarantaine de ventes ont été réalisées en moins de deux ans. Les premiers retours pour la vente à l’export sont attendus. D’un point de vue scientifique, nous sommes fiers que l’appareil ait été présenté à la formation CCRP¹ de l’université du Tennessee à Nantes, en juin 2017.

Quel est le principe de fonctionnement ?

L. J.-B. : Le principe de l’imoove^® repose sur un mouvement élisphérique^®, c’est-à-dire une rotation du plateau sur une demi-sphère. L’exercice est différent selon le point du plateau où le patient est situé. L’idée est de déstabiliser l’animal pour travailler la boucle de régulation de l’équilibre. Cela permet un renforcement musculaire postural, un travail proprioceptif et une meilleure coordination musculaire. Le déplacement est aléatoire, imprévisible pour l’animal. Tous les chiens en rééducation sont concernés, car dès qu’il y a inactivité musculaire, les muscles posturaux sont atteints. En pratique, nous l’employons beaucoup pour la rééducation d’animaux avec des affections neurologiques (hernie discale, embolie fibrocartilagineuse, syndrome vestibulaire), mais aussi pour la rééducation neurologique des pathologies orthopédiques, comme les ruptures du ligament croisé antérieur ou après des fractures. Nous proposons aussi un accompagnement pour les chiens âgés, car, en travaillant les muscles du contrôle postural et la proprioception, l’animal retrouve de la mobilité. Les résultats et la tolérance sont aussi très bons chez les chats.

Quel est le plan de traitement ?

L. J.-B. : Les premiers résultats sont obtenus en moyenne au bout de deux séances et demie. Cinq séances sont en général programmées d’emblée. Leur durée est de 10 minutes au début, puis elle augmente au cours du traitement pour atteindre 20 minutes à la fin. Les prix par séance varient entre 25 et 55 € selon les régions. L’appareil est proposé en leasing, les mensualités sont remboursées à partir de 10 séances par mois. Après que le praticien a programmé la machine, les séances peuvent être supervisées par un auxiliaire spécialisé vétérinaire. Pour les chiens sportifs, une utilisation en autonomie peut être développée, comme dans une salle de sport.
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¹ Certified canine rehabilitation practitioner.