La PCR, un outil du diagnostic et du suivi des mammites bovines - La Semaine Vétérinaire n° 1755 du 15/03/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1755 du 15/03/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : LORENZA RICHARD  

La reverse transcription-polymerase chain reaction (RT-PCR) peut faire partie de la boîte à outils du vétérinaire sur le terrain, à l’échelle du troupeau », a déclaré Norbert Giraud, président du groupement technique vétérinaire (GTV) du Rhône, lors des rencontres GTV Rhône-Alpes/VetAgro Sup, le 28 septembre 2017. Ce conseil est lié aux résultats d’une étude1 menée par notre confrère dans une dizaine d’élevages laitiers des Monts du Lyonnais, durant 8 mois, en 2016-2017, afin de confronter un kit de RT-PCR multiplex “pathogènes mammaires” à la réalité du terrain. Ce kit, disponible rapidement auprès du laboratoire vétérinaire départemental (LVD), permet de cibler un panel d’agents pathogènes (de 1 à 12) avec des tigettes unitaires, ce qui limite les coûts2. Seuls trois paramètres peuvent être recherchés dans certains cas (encadré) : Streptococcus uberis, Staphyloccocus aureus et staphylocoques à coagulase négative.

De nombreux intérêts

Les résultats PCR obtenus dans l’étude sur laits de mélange ont été corrélés avec les modèles épidémiologiques connus des élevages de plus de 150 000 cellules, ce qui a permis de montrer leur cohérence avec le terrain. De plus, lors de qualité dégradée du lait, la RT-PCR permet de déterminer un profil bactérien de l’élevage à un instant précis et avec un seul échantillon (contre plusieurs en bactériologie). Son intérêt est également la possibilité de suivi de l’épidémiologie de l’élevage et de surveillance de la biosécurité des lots à risques (génisses). Les mesures de prévention sont ainsi adaptées de manière dynamique. La PCR peut enfin justifier un traitement intramammaire hors lactation dans le cadre de la prescription-délivrance. Toutefois, « cet outil nécessite une réflexion de la part du praticien pour rechercher les germes d’intérêt : les résultats pour E. coli ou Pseudomonas positifs sont à étudier au cas par cas, par exemple, recommande notre confrère. C’est un outil pertinent en gestion de la qualité du lait en élevage et économiquement intéressant, à condition de bien cibler les germes à rechercher, et de le panacher avec les bactériologies simples et au LVD, dont il est complémentaire. Il permet d’obtenir un vrai profil d’élevage pour aborder la problématique du troupeau, assurer un suivi et une bonne prévention, et le vétérinaire garde toute sa place de conseiller. »

1 En collaboration avec le laboratoire vétérinaire départemental du Rhône, Biosellal et Tirsev.

2 Par exemple, tarifs au LVD du Rhône : deux pathogènes pour 33 € HT, puis 10 € par pathogène supplémentaire.

PROPOSITION D’ARBRE DÉCISIONNEL LORS D’ÉPISODE CLINIQUE DE PATHOLOGIE DE LA MAMELLE

Utilisation de la RT-PCR à l’échelle du troupeau
- Épisode de mammites cliniques (flambée ou historique) ou de cellules : polymerase chain reaction(PCR) multiplex et bactériologie sur le dernier cas, au cabinet ou au laboratoire vétérinaire départemental (LVD), pour vérifier la cohérence avec le traitement et la sensibilité des germes.
- Suivi d’assainissement : deux PCR à trois paramètres (S. uberis,S. aureus et staphylocoques à coagulase négative) à 2 ou 3 mois d’intervalle permettent d’assurer un contrôle efficace.
- Introductions de lots de primipares et suivis de traitement antibiotique hors lactation : la PCR3S est indiquée.

À l’échelle individuelle
- Premier cas de mammite clinique ou taux de cellules élevé sur un quartier : la bactériologie au cabinet est préconisée. L’éleveur peut être formé pour réaliser et livrer des échantillons de qualité et propres.
- Seconde mammite individuelle (rechute ou nouveau cas) ou mammite hors lactation : une bactériologie Afnor (Association française de normalisation) au LVD avec antibiogramme assure un résultat indiscutable. Toutefois, le délai de résultat est allongé, l’échantillon doit être réalisé par le vétérinaire et envoyé dans les bonnes conditions au LVD, et le coût est augmenté.

Norbert Giraud Président GTV 69, praticien rural à Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques). Article rédigé d’après une présentation faite lors des 27 es rencontres des GTV Rhône-Alpes/VetAgro Sup, le 28 septembre 2017.