Êtes-vous favorable au développement des tests rapides d’antibiosensibilité ?
FORUM
@... VOUS !
FORUM
Auteur(s) : CLÉMENTINE KERVINIO
PRATIQUES, SAUF POUR LES CAS COMPLIQUÉS
Des tests rapides d’antibiosensibilité seraient utiles pour que les praticiens soient vite renseignés sur l’origine bactérienne ou non de l’affection (prélèvement positif ou négatif) et sur le choix d’un antibiotique. Actuellement, les délais pour obtenir les résultats d’un antibiogramme sont longs et nous placent parfois face à un dilemme : faut-il d’emblée débuter un traitement avec un antibiotique à large spectre ou attendre ? Ces tests seraient donc pratiques et rassurants pour notre démarche thérapeutique. En revanche, ils ne remplaceront pas l’expertise d’un laboratoire. Lors de cas compliqués, de résultats ambigus, de germes intermédiaires, il est nécessaire de pouvoir discuter avec des experts, qui ont du recul par rapport aux résultats d’un antibiogramme, afin de choisir un traitement adapté et sans conséquences néfastes. Envoyer le prélèvement dans un laboratoire, dans un second temps, sera donc peut-être nécessaire. De même, je crains que la démarche thérapeutique soit limitée lors de test rapide montrant un germe uniquement sensible à des antibiotiques critiques : dans ce type de cas, sera-t-il vraiment judicieux de prendre la responsabilité de traiter sans un avis expert ? • Lætitia Lucarelli
POUR INSTAURER UNE ANTIBIOTHÉRAPIE PRÉCOCEMENT
L’ensemble des moyens de diagnostic dont nous disposons serait complété par des tests rapides d’antibiosensibilité. Actuellement, un délai d’une semaine est parfois nécessaire pour obtenir le résultat d’un antibiogramme réalisé en laboratoire. C’est particulièrement long pour les NAC : leur état général et leur affection peuvent évoluer rapidement. Décider d’avoir recours aux antibiotiques chez les petits mammifères domestiques, notamment les herbivores, n’est jamais anodin car ils sont très sensibles à leurs effets secondaires. Ils devraient pouvoir d’emblée être adaptés. Des tests rapides permettraient de mettre en place précocement un traitement efficace. En outre, les antibiogrammes sont coûteux, ce qui peut constituer un frein à leur utilisation. Des tests moins onéreux permettraient d’en réaliser davantage afin de cibler les antibiotiques les plus adaptés et d’utiliser les quinolones uniquement à bon escient. Par ailleurs, très peu de laboratoires proposent des antibiogrammes spécifiques aux NAC : leurs résultats sont donc souvent inadaptés. Des tests rapides d’antibiosensibilité pour les NAC seraient idéaux. • Émilie Tessier
FIABLES, PLUS RAPIDES ET CERTAINEMENT MOINS COÛTEUX
Un arrêté du 22 décembre 2017 va permettre l’utilisation de tests rapides d’antibiosensibilité mis sur le marché par des industriels pour la prescription d’antibiotiques critiques. Leur développement me paraît très positif. Pour être valables, ils devront impérativement avoir été validés par le laboratoire national de référence pour la résistance antimicrobienne de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Leur fiabilité ne pourra ensuite pas être mise en doute. Les vétérinaires pourront disposer de ces tests rapides, certainement moins coûteux que les analyses actuelles, et s’en servir au chevet de leurs patients, toutes espèces confondues. Aujourd’hui, le prix de l’analyse et le délai d’obtention des résultats peuvent constituer des freins. Avec des tests rapides, on peut espérer que les vétérinaires hésitent moins à réaliser des prélèvements avant de prescrire des antibiotiques critiques, si nécessaire. Par ailleurs, les laboratoires d’analyses pourront aussi disposer d’autres méthodes (s’ils les font valider) que celles qui obéissent aux deux normes Afnor1 aujourd’hui obligatoires. Cela pourrait aussi permettre de diminuer le coût de ces analyses. •
1 Association française de normalisation. Hervé Pouliquen