PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
De nos jours, les utilisateurs de chevaux manquent d’indicateurs d’émotions positives facilement identifiables. Pourquoi ces émotions sont-elles difficiles à mesurer ? Certains indicateurs peuvent être ambigus : par exemple, le comportement de jeu chez l’adulte est plus fréquent en captivité, il ne traduit donc pas forcément une émotion positive.
Les auteurs de cette étude se sont alors penchés sur les signaux acoustiques, par exemple non vocaux, comme le ronronnement chez le chat, et se sont intéressés à l’ébrouement chez le cheval. La structure acoustique de l’ébrouement et la fonction de ce son restent peu étudiées, étant souvent confondues avec le soufflement. Or il est généralement associé à une amélioration de la condition du cheval. Peut-il être le reflet d’un changement positif transitoire ?
Pour répondre à cette question, les auteurs ont observé 40 individus dans un centre équestre A, et un centre équestre B et une population de chevaux de loisirs. Ils ont ainsi établi un gradient de bien-être des populations, afin de tester si les ébrouements pouvaient être le reflet d’émotions positives immédiates.
Le constat est le suivant : il y a quasiment deux fois plus d’ébrouements dans le contexte pré versus box, et plus d’ébrouements quand les chevaux mangent.
La position des oreilles de l’animal lors de l’ébrouement (souvent en avant) renforce aussi l’hypothèse des chercheurs, car les oreilles en avant sont plutôt associées à une vision positive de l’environnement.
Quelle est la relation entre l’ébrouement et l’état de bien-être ? Le bien-être peut favoriser une humeur positive chez le cheval, qui produirait plus d’ébrouements.
L’équipe a étudié les comportements répétitifs anormaux, la position des oreilles lors de l’alimentation et les réactions agressives envers l’homme, ainsi que l’orientation vers le mur dans le box. Comme attendu, ils ont pu mettre en évidence un état de gradient de bien-être entre les trois populations.
Les chevaux de la population de loisirs émettent le plus d’ébrouements au pré. Il existe une corrélation négative entre le score d’altération du bien-être et l’ébrouement, et entre le taux d’ébrouements et les comportements de stéréotypies ou de réactions agressives. En conclusion, les ébrouements sont produits plutôt lors d’une humeur positive.
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Article rédigé d’après une présentation faite par Mathilde Stomp (université de Rennes, Ille-et-Vilaine), lors de la 44e journée de la recherche équine à Paris, le 15 mars 2018.