Une vie sans cheval ?

Brady vit avec son père et sa sœur autiste dans un mobil-home au cœur de la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Étoile montante du rodéo, exceptionnellement doué pour dresser les chevaux (sauvages), le jeune homme vient d’être victime, durant une compétition, d’un grave traumatisme crânien. Les médecins lui interdisent de remonter à cheval. Confronté aux difficultés physiques et émotionnelles liées à son accident, le jeune homme va lutter contre l’idée d’un avenir privé de la seule activité qui donnait un sens à sa vie. Sobre récit de résilience, portrait intimiste d’un cow-boy sans monture, ce film délicat est aussi celui de tous les laissés-pour-compte du rêve américain. Ni tout à fait documentaire, ni totalement fiction, le film sublime la réalité de Brady (ici dans son propre rôle, comme tous les protagonistes) par la puissance élégiaque du cinéma. À travers la peinture sensible du jeune homme, une Amérique meurtrie revisite le grand mythe du western. Dans les vastes étendues et la lumière chaude du soleil levant, les héros virils sont remplacés par des corps juvéniles tatoués et blessés. L’approche patiente d’un cheval rétif, la main qui se risque vers son encolure, le corps qui se love doucement sur le dos de l’animal donnent l’impression que toutes les images jusqu’ici manquaient de vérité. L’avenir de Brady est en question, mais sa grande affinité avec les chevaux ne fait aucun doute et nous comprenons pourquoi il est si difficile pour lui de renoncer.
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The Rider de Chloé Zhao, avec Brady Blackburn, Wayne Blackburn, Lilly Blackburn, Lane Scott, Cat Clifford, États-Unis, 1 h 44, sortie le 28 mars.