MANAGEMENT
ÉCO GESTION
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
Devenir cogérant ou associé d’une clinique vétérinaire nécessite certaines connaissances et qualités. La profession est-elle bien préparée à ce devenir managérial ? Témoignages.
Vétérinaire, Laurence Lajou a également suivi des formations en droit privé, droit des affaires, un Executive Master of Business administration (Executive MBA-CPA de l’École des hautes études commerciales), ainsi qu’un master 2 Comptabilité, contrôle, audit. Elle travaille à Something Else, une société de conseil d’entreprise. Comment voit-elle ses collègues se métamorphoser en chef d’entreprise ? « Souvent, s’il y a plusieurs associés, ils se répartissent les rôles entre eux. Quant aux jeunes vétérinaires, la plupart du temps, ils ne se mettent à piloter que lorsqu’un associé part à la retraite. » Car, d’après elle, « encore aujourd’hui, la gestion est considérée par beaucoup de professionnels comme une perte de temps. Q’un associé veuille s’y consacrer durant un après-midi par semaine est même parfois sujet à discorde ». Résultat pratique : il y aurait encore de nombreuses cliniques « sans véritable chef d’orchestre », et même des associés qui ne mettent jamais leur nez dans les comptes… Comment y remédier ? « Il est possible de se faire aider, sur certains points, par son expert-comptable, s’il est pédagogue, ou de se faire accompagner par un consultant. Il existe également des conférences, des formations en gestion des petites et moyennes entreprises (PME). Je conseille d’aborder progressivement chaque thème, l’un après l’autre. C’est souvent davantage profitable que de suivre une formation de quelques jours, trop concentrée ».
L’École nationale vétérinaire de Toulouse a été la première des quatre écoles à créer une formation en la matière grâce à la naissance, dès 2006, du diplôme d’école en management vétérinaire (DEMV). Ce diplôme a d’ailleurs été monté avec le soutien du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires et celui de l’ensemble des organismes professionnels. Il se compose de quatre modules, dont le dernier consiste en une réalisation personnelle du participant au sein de sa clientèle, accompagnée “pas à pas” par un coach.
Christelle Fournel est la responsable des cours de management à l’École nationale vétérinaire d’Alfort1. Elle témoigne que « les étudiants ont beaucoup de notions à acquérir, car il est aussi important de bien traiter ses clients, de savoir communiquer, que d’avoir des notions de rentabilité ! » Leur formation comporte des études de cas. « J’invente des histoires qui ont lieu au sein d’une structure. Les étudiants, par équipe de six, sont confrontés à différentes situations de conflits très fréquentes en clinique. » Qu’ils doivent chercher à résoudre sans qu’aucun membre du personnel de la clinique fictive ne parte ! « Ces exercices leur permettent de mettre immédiatement en pratique les notions théoriques acquises, tout en leur faisant découvrir leurs talents propres liés à leur profil psychologique (MBTI ®2 ) ».
Mais Christelle Fournel constate aussi combien toutes ces notions, non enseignées aux générations précédentes, leur manque parfois aujourd’hui ! «
Du coup, des professionnels ne se posent pas les bonnes questions face à certains problèmes, analyse-t-elle. Par exemple, cela ne sert à rien d’essayer de développer le chiffre d’affaires d’une structure si les dépenses ne sont pas maîtrisées, notamment en ce qui concerne les heures supplémentaires des vétérinaires salariés ou des auxiliaires spécialisés vétérinaires.
» Autre exemple : «
La rémunération variable devrait être depuis longtemps rentrée dans les mœurs, pour motiver les salariés.
» C’est pourquoi elle estime que le métier de manager vétérinaire est effectivement encore en phase de construction.
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1 A 01, European executive MBA à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP Europe) 2012, praticienne en programmation neuro-linguistique (PNL).
2 Myers Briggs type indicator®.
« LA FORMATION ET LE PARTAGE D’EXPÉRIENCE SONT ESSENTIELS »