CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
Nés dans les années 1980, notamment en Rhône-Alpes, les groupes vétérinaires conventionnés (GVC) établissent un partenariat entre éleveurs et vétérinaires, sans distinguer les soins classiques du suivi, de la prévention ou des urgences, sans contingences commerciales, et dans un climat de confiance.
En effet, la convention permet une mutualisation des coûts vétérinaires pour les éleveurs. Ces derniers doivent être adhérents à une association, qui établit la convention avec le groupe de vétérinaires, précisant les rôles de chacun, et dont le conseil d’administration collecte les honoraires et gère les conflits. Cela facilite la tâche administrative des confrères. De plus, le paiement n’est pas réalisé à l’acte d’intervention. L’éleveur s’acquitte d’une cotisation proportionnelle au nombre de ses animaux au début de chaque année civile, en unité d’intervention vétérinaire (UIV), qui coûtait environ 37 € HT en 2017. Cela favorise les rapports entre les professionnels : la relation avec l’éleveur est libre de toute pression économique ou commerciale, et elle est davantage centrée sur l’aspect technique de la difficulté à traiter. L’accent est mis sur la prévention par un suivi sanitaire, avec enregistrement informatique des actes réalisés dans l’élevage et des médicaments délivrés.
Les acteurs conventionnés sont regroupés dans la Fédération des éleveurs et vétérinaires en convention (Fevec).
Enfin, cet accord assure une formation des éleveurs par les praticiens : deux à quatre journées sont organisées chaque année et portent sur des thèmes sanitaires dans le cadre du Fonds pour la formation des entrepreneurs du vivant (Vivéa). Ces formations ne sont pas réservées aux éleveurs en convention, mais à tous ceux qui le souhaitent, ce qui crée une dynamique.
L’exercice en GVC a été comparé à l’exercice classique, dit libéral, à partir de l’expérience de Pierre-Louis Dumas de Saint-Bonnet-le-Château (Loire), qui appartient à une structure vétérinaire combinant les deux formes d’exercice. L’étude porte sur trois groupes : 55 élevages laitiers conventionnés, 20 élevages laitiers et 32 élevages laitiers ou mixtes en clientèle libérale. Les cheptels allaitants ou de moins de 15 UIV ne sont pas inclus, afin d’avoir un échantillon représentatif d’élevages “modernes”. Il apparaît que le groupe d’élevages conventionnés reçoit deux fois plus de visites en suivi de fécondité que les groupes en clientèle libérale (0,45 visites/UIV contre 0,24). De plus, le nombre d’interventions par UIV (nombre d’actes ou d’animaux visités) dans le groupe conventionné (2,14 interventions/UIV) est cinq fois supérieur à celui du groupe de laitiers en libéral (0,43) et dix fois supérieur à celui des mixtes en libéral (0,25). Cette augmentation de visites en élevages conventionnés est compensée par un montant plus important en honoraires, appelés par le système de cotisation UIV (37 €/UIV contre 15 et 16 €/UIV pour les élevages en clientèle libérale).
Les médicaments délivrés sont moindres en clientèle libérale, la structure vétérinaire n’est pas leur seul fournisseur, alors qu’elle est le prescripteur exclusif de celles qui sont en convention. Toutefois, la proportion de médicaments curatifs est plus grande en libéral, et le chiffre d’affaires (CA) lié aux médicaments est supérieur en rapport au CA total dans ces élevages, car les vétérinaires interviennent davantage pour des pathologies dans ces exploitations.
En définitive, bien que les visites soient plus fréquentes en clientèle conventionnée, le CA est également plus conséquent. Les bienfaits pour les vétérinaires de l’exercice conventionné sont ainsi réels sur les plans de la qualité du travail, du confort et des rapports humains, mais également en termes économiques.
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Pour en savoir plus
Dumas P. L., Sulpice P. Success stories : la convention - Pour contractualiser l’activité vétérinaire en collectif - Comparatif convention/libéral. Recueil des journées nationales SNGTV 2017, 233-242. bit.ly/2GeER2l.