CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
Le retour sur investissement est la traduction mathématique de l’efficacité du vétérinaire », a déclaré Gilles Delisle lors des dernières journées nationales des groupements techniques vétérinaires. Ce ratio entre l’argent investi et l’argent gagné (ou perdu) permet d’évaluer le rendement d’un investissement passé, en cours ou futur, et notamment la pertinence des stratégies de prévention conseillées par le vétérinaire. Aussi cet outil permet-il de rendre au praticien son rôle de conseiller privilégié.
Le bénéfice tiré de la biosécurité ou des prophylaxies est difficile à appréhender par l’éleveur, contrairement à celui lié à un traitement lors de mortalité, peu complexe à calculer (coût du traitement et du temps passé par rapport à celui des pertes et de la non-occupation des bâtiments). L’utilisation d’outils de calcul de la rentabilité (tableurs, logiciels existants, etc.) permet donc de motiver l’éleveur à changer sa routine et à adhérer à la démarche proposée. Les marges étant souvent faibles en production porcine, le choix des mesures permettant d’améliorer les résultats technico-économiques de l’élevage pour la maîtrise de la pathologie chronique est en effet important.
Les calculs de rentabilité impliquent d’avoir accès aux données économiques de l’élevage. Ceux-ci s’appuient sur les données de gestion et de performances techniques, recueillies à partir des factures (vente des animaux à l’abattoir, aliments, etc.) ou à partir d’outils comme la gestion technico-économique (GTE) ou la gestion technique de troupeau de truies (G3T). Ils peuvent être effectués avec des logiciels mis à disposition par l’Ifip, Institut du porc, ou les laboratoires (PigSim, pour prendre un exemple). Ils permettent de comparer des situations techniques d’élevages dans le même contexte économique (indices de croissance et de consommation, taux de pertes et saisies).
Notre confrère a présenté un cas clinique avec mortalité brutale par colibacillose juste après le sevrage, chez un élevage naisseur-engraisseur en Label rouge montagne de 115 truies (sept bandes de 15 truies, sevrage à 28 jours) présentant de bonnes conditions d’élevage. Le coût du vaccin, de 1,10 € par porcelet, est largement supérieur à celui du traitement (0,40 € par porcelet). De plus, la vaccination par voie orale de chaque animal à 18 jours d’âge nécessite 3 heures de travail à 35,10 €/heure (coût de la main-d’œuvre agricole au moment du cas). Toutefois, le taux de pertes lié à la maladie est estimé à 7 % en post-sevrage et à 6 % en engraissement, avec un prix de vente de 1,70 €/kg (Label rouge). Un tableur Excel proposé par le laboratoire a permis de calculer un retour sur investissement de 8,85 € par porc produit avec des objectifs modestes (1 % de pertes en post-sevrage et 4 % en engraissement), et de 15,57 € par porc avec des objectifs élevés (0,5 % de pertes en post-sevrage et 2,5 % en engraissement). Ces chiffres ont convaincu l’éleveur de mettre en place la vaccination anti-colibacillaire par voie orale sous la mère. Au final, les performances ont été proches du calcul réalisé avec des objectifs élevés, ce qui a permis d’obtenir un retour sur investissement de 40 000 €/an, avec un taux de pertes en post-sevrage proche de 0 et en engraissement de 2,5 %.
Pour appuyer l’intérêt de la démarche, des résultats comparatifs peuvent aussi être montrés aux éleveurs, Pour exemple, notre confrère a présenté les résultats d’une étude réalisée entre 2004 et 2006 lors de la mise en place de la vaccination des truies contre le circovirus. Cette étude comparative entre élevages vaccinés depuis plus d’un an et élevage non vaccinés a permis d’objectiver une dégradation lente des résultats des élevages témoins, alors que les gains moyens quotidiens des charcutiers en engraissement augmentaient de façon significative chez les vaccinés. Une amélioration de la marge brute de 139 € en moyenne par truie, rapportée au prix du vaccin (9 € par truie, prix du vaccin et temps de travail compris), a convaincu un grand nombre d’éleveurs de l’intérêt de cette vaccination, même des naisseurs, qui pensaient ne pas être concernés par la maladie.
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