Récits du récif

Le label Disneynature fête ses dix ans avec une nouvelle production transportant sous l’océan son concept de documentaire familial, inspiré des True Life Adventures créés par Walt Disney dans les années 1950. Assez logiquement, ce nouveau récit animalier d’apprentissage et de survie se donne comme principaux personnages les grands dauphins et les baleines à bosse. Afin de montrer que la vie des récifs coralliens repose sur une biodiversité interdépendante, le film tend également des fils entre des espèces qui l’habitent : la squille multicolore, la tortue verte, le poisson perroquet à bosse, etc. Après plus d’un an de tournage dans dix pays différents, Blue relève le défi d’installer avec les cétacés la même proximité que pour les films terrestres¹, en poussant toujours plus loin les techniques de prise de vue (notamment par l’utilisation de grues pour des travellings sous-marins) et d’enregistrement sonore (l’océan est tout sauf le monde du silence). Insensible au réalisme ontologique théorisé par André Bazin, le récit se construit par les astuces du montage et le recours d’un commentaire qui, en dépit de ses belles intentions, ne frappe pas par son originalité… Il risque de ne laisser du film que le souvenir de belles séquences qui parlent toutes seules : un ballet de baleines à bosse, les dauphins bondissant lestement par-dessus d’énormes rouleaux ou dessinant des cercles de vase obligeant les poissons piégés à sauter hors de l’eau pour atterrir directement dans leurs estomacs.
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¹ Félins (La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 6/1/2012, p. 51), Chimpanzés (n° 1528 du 22/2/2013, p. 48), Grizzly (n^os 1603 et 1604 des 31/10/2014 et 7/11/2014, p. 48), Nés en Chine (n° 1729 du 1/9/2017, p. 54).

Blue de Keith Scholey et Alastair Fothergill, raconté par Cécile de France, États-Unis, 1 h 20, bit.ly/2G3E6G1, sortie le 28 mars.