Les outils connectés au service de l’entraînement équin - La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1758 du 06/04/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX  

La première technique de précision est « l’identification électronique qui, bientôt, pourra être associée à d’autres fonctions », a précisé Claire Leleu, la présidente de la société Equi-Test, en introduction de sa conférence.

Ainsi, des distributeurs de concentrés arrivent dans les écuries de courses : les cuves sont liées à un système de programmation qui permet une meilleure précision du rationnement et une distribution beaucoup plus individualisée. L’intérêt économique pour l’éleveur est aussi un gain de main-d’œuvre. Le coût d’installation et de maintenance doit cependant être pris en compte.

Usage dans le domaine du sport

Le cheval connecté poursuit également son essor dans le sport, par l’analyse du geste de l’animal grâce aux outils accélérométriques développés qui permettent de récupérer des données biomécaniques (indices de symétrie, longueur, foulée, etc.). Ces dispositifs ont été étudiés dans de nombreuses disciplines, mais leur appropriation par les professionnels des courses n’est pas encore au rendez-vous.

Pour le geste pathologique, la détection et la quantification des boiteries présentent un intérêt certain. Trois capteurs inertiels sont placés respectivement sur le paturon, la croupe et la tête, permettant d’évaluer les variations. Il s’agit d’un système à usage vétérinaire, en complément de l’observation clinique.

Pour des chevaux de course, la vitesse est un élément basique du suivi. La mesure de la fréquence cardiaque (FC) est importante car elle est corrélée à la performance. La société Polar a développé des instruments utilisables sur le terrain, comme une sangle fixée sur le cheval qui comporte un système Bluetooth. Ces appareils sont pratiques, robustes, fiables et abordables. Apparaissent également de nouveaux acteurs et start-up. Ainsi, la société Arioneo a mis au point un équimètre qui recueille des données de vitesse, de FC et de locomotion grâce à un boîtier.

De son côté, la société Waook propose des outils qui analysent des paramètres liés à la FC, aux lactates, etc.

La lactatémie reste un dosage physiologique très pertinent dans la pratique sportive et sa mesure après l’effort permet de déterminer un seuil. En outre, de petits analyseurs portables très performants sont récemment arrivés sur le marché, qui doivent être validés dans l’espèce équine. Néanmoins, le caractère invasif de ce dosage est sa limite. Il s’agit d’un acte vétérinaire et ces suivis sportifs restent donc du ressort des praticiens.

L’intérêt de ces techniques est double : récupérer des données objectives pour caractériser un animal et gagner du temps, tout en étant plus précis.

L’autre point positif de ces systèmes embarqués utilisés au quotidien est d’apporter des données sur la performance. En recherche appliquée, ils sont très utiles.

Une évolution culturelle ?

Procurer des données utiles est la clé de l’appropriation de ces technologies par leurs utilisateurs et les professionnels.

Par ailleurs, ces systèmes connectés peuvent fournir des informations sur le caractère performant ou contre-performant d’un cheval, et il convient donc d’en sécuriser les données dans le milieu équin.

De plus, la filière équine est en crise, et ces outils, qui représentent pour les start-up un marché de niche, doivent donc être abordables. Se former, expliquer aux professionnels l’utilité de ce matériel et le gain économique de ce genre de suivi, tels sont les enjeux. Ces objets connectés vont permettre de répondre aux attentes de la société en matière de bien-être animal. Ce sont vraiment des moyens, et non des fins. De nos jours, les évolutions techniques sont aussi culturelles, et les jeunes entraîneurs en sont friands.

Au cours de son exposé, Claire Leleu a alerté l’auditoire sur la propriété des données, l’utilisation des data et la confidentialité. Patrick Galloux, écuyer du Cadre noir de Saumur (Maine-et-Loire), agent de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), ingénieur de projet et développement, a expliqué à ce sujet que, pour les chevaux de l’équipe de France, les fichiers sont d’ores et déjà séparés pour qu’aucune correspondance ne puisse être faite entre les animaux et les données.

Article rédigé d’après des présentations faites lors de la 44e journée de la recherche équine à Paris, le 15 mars 2018.

ÉVALUER LA VARIABILITÉ DES MESURES

Les instruments de mesure dans le monde du cheval ont fait l’objet d’une étude au sein du laboratoire de physique de l’École normale supérieure (ENS) de Lyon (Rhône).
La question était celle de savoir quelle confiance leur accorder. En effet, « pour comparer deux valeurs, il convient de connaître le degré d’incertitude que recèlent ces mesures », a expliqué Aude Caussarieu, enseignante à l’ENS. L’équipe a enregistré les distances parcourues par des chevaux pendant 24 heures avec un système GPS. Les erreurs de l’outil peuvent être systématiques ou bien statistiques.
Les résultats obtenus dépendent de l’instrument de mesure. Ainsi, avec une gamme de mauvaise qualité, le cheval effectue 2,5 km par jour sans même avoir bougé ! Quand un GPS de meilleure qualité signalera, lui, 500 mètres par jour. « Cela est une erreur systématique », précise Aude Caussarieu. Mais il existe aussi des erreurs aléatoires. L’équipe de recherche a ainsi fait l’expérience d’accrocher le GPS à un piquet... « Un écart de 300 mètres par jour autour de l’erreur systématique a été enregistré. »En conclusion, pour le vivant, la fiabilité des mesures est aussi un paramètre important à prendre en compte. Chez les chevaux, des variations de 4 kilomètres par jour ont été notées.
Aude Caussarieu recommande d’utiliser du matériel certifié ou validé, de répéter les mesures pour se rendre compte de la variabilité et de les réaliser toujours avec le même appareil.