CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
La première technique de précision est « l’identification électronique qui, bientôt, pourra être associée à d’autres fonctions », a précisé Claire Leleu, la présidente de la société Equi-Test, en introduction de sa conférence.
Ainsi, des distributeurs de concentrés arrivent dans les écuries de courses : les cuves sont liées à un système de programmation qui permet une meilleure précision du rationnement et une distribution beaucoup plus individualisée. L’intérêt économique pour l’éleveur est aussi un gain de main-d’œuvre. Le coût d’installation et de maintenance doit cependant être pris en compte.
Le cheval connecté poursuit également son essor dans le sport, par l’analyse du geste de l’animal grâce aux outils accélérométriques développés qui permettent de récupérer des données biomécaniques (indices de symétrie, longueur, foulée, etc.). Ces dispositifs ont été étudiés dans de nombreuses disciplines, mais leur appropriation par les professionnels des courses n’est pas encore au rendez-vous.
Pour le geste pathologique, la détection et la quantification des boiteries présentent un intérêt certain. Trois capteurs inertiels sont placés respectivement sur le paturon, la croupe et la tête, permettant d’évaluer les variations. Il s’agit d’un système à usage vétérinaire, en complément de l’observation clinique.
Pour des chevaux de course, la vitesse est un élément basique du suivi. La mesure de la fréquence cardiaque (FC) est importante car elle est corrélée à la performance. La société Polar a développé des instruments utilisables sur le terrain, comme une sangle fixée sur le cheval qui comporte un système Bluetooth. Ces appareils sont pratiques, robustes, fiables et abordables. Apparaissent également de nouveaux acteurs et start-up. Ainsi, la société Arioneo a mis au point un équimètre qui recueille des données de vitesse, de FC et de locomotion grâce à un boîtier.
De son côté, la société Waook propose des outils qui analysent des paramètres liés à la FC, aux lactates, etc.
La lactatémie reste un dosage physiologique très pertinent dans la pratique sportive et sa mesure après l’effort permet de déterminer un seuil. En outre, de petits analyseurs portables très performants sont récemment arrivés sur le marché, qui doivent être validés dans l’espèce équine. Néanmoins, le caractère invasif de ce dosage est sa limite. Il s’agit d’un acte vétérinaire et ces suivis sportifs restent donc du ressort des praticiens.
L’intérêt de ces techniques est double : récupérer des données objectives pour caractériser un animal et gagner du temps, tout en étant plus précis.
L’autre point positif de ces systèmes embarqués utilisés au quotidien est d’apporter des données sur la performance. En recherche appliquée, ils sont très utiles.
Procurer des données utiles est la clé de l’appropriation de ces technologies par leurs utilisateurs et les professionnels.
Par ailleurs, ces systèmes connectés peuvent fournir des informations sur le caractère performant ou contre-performant d’un cheval, et il convient donc d’en sécuriser les données dans le milieu équin.
De plus, la filière équine est en crise, et ces outils, qui représentent pour les start-up un marché de niche, doivent donc être abordables. Se former, expliquer aux professionnels l’utilité de ce matériel et le gain économique de ce genre de suivi, tels sont les enjeux. Ces objets connectés vont permettre de répondre aux attentes de la société en matière de bien-être animal. Ce sont vraiment des moyens, et non des fins. De nos jours, les évolutions techniques sont aussi culturelles, et les jeunes entraîneurs en sont friands.
Au cours de son exposé, Claire Leleu a alerté l’auditoire sur la propriété des données, l’utilisation des data et la confidentialité. Patrick Galloux, écuyer du Cadre noir de Saumur (Maine-et-Loire), agent de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), ingénieur de projet et développement, a expliqué à ce sujet que, pour les chevaux de l’équipe de France, les fichiers sont d’ores et déjà séparés pour qu’aucune correspondance ne puisse être faite entre les animaux et les données.
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Article rédigé d’après des présentations faites lors de la 44e journée de la recherche équine à Paris, le 15 mars 2018.
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