NEUROLOGIE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : HÉLÈNE VANDENBERGHE, STÉPHANE BLOT
L’épilepsie primaire n’est pas rare chez le chat, mais peu de données sont disponibles quant à son traitement. Une étude conclut à l’efficacité du phénobarbital et à la sécurité du lévétiracétam et de l’imépitoïne.
Actuellement, peu de données relatives au traitement de l’épilepsie féline sont disponibles dans la littérature, en comparaison avec l’espèce canine. Les crises convulsives représentent néanmoins un motif de consultation fréquent chez le chat, avec une prévalence estimée de 0,5 à 3,5 % des consultations dans un centre de référé. Entre 20 et 60 % des animaux présentant ce type de signes cliniques sont atteints d’épilepsie primaire, selon les études. La connaissance des profils d’efficacité et de tolérance des antiépileptiques apparaît donc cruciale et a représenté l’objet d’une revue systématique de 40 publications1. Dans cette synthèse, un traitement antiépileptique a été jugé efficace s’il permet de réduire de plus de 50 % la fréquence des crises avec un intervalle de confiance de 95 %. Pour chaque médicament, la proportion d’animaux sujets à des effets indésirables a été calculée. Ces effets ont été classés selon les organes affectés et leur type (type I : effets indésirables dose-dépendants ; type II : effets indésirables idiosyncrasiques).
Les auteurs notent que le niveau de preuve concernant les traitements antiépileptiques chez le chat est faible, particulièrement sur leur efficacité. Le phénobarbital est considéré comme le traitement qui obtient les meilleurs résultats, suivi par le lévétiracétam, le bromure de potassium, l’imépitoïne et le diazépam. Les effets indésirables des traitements, classés par efficacité, sont récapitulés dans le tableau. Des effets secondaires graves de type II ont été rapportés principalement chez les chats traités avec du bromure de potassium (troubles respiratoires) et du diazépam (nécrose hépatique aiguë). Pour le bromure de potassium, la fréquence de ces effets non souhaités est élevée (presque 50 % des animaux traités) ; pour le diazépam, ils représentent un danger vital pour l’animal.
Si les preuves actuelles ne permettent pas de comparer les antiépileptiques deux à deux, cette revue a l’intérêt de guider le clinicien dans l’établissement d’un traitement approprié. Si l’efficacité du traitement est considérée en premier lieu, le phénobarbital peut être utilisé en monothérapie chez les chats ne présentant pas d’insuffisance hépatique. Il est important de noter que la fréquence de survenue d’effets indésirables lors d’utilisation de cette molécule ne doit pas être surestimée, ceux-ci n’étant pas fréquents. Le lévétiracétam et l’imépitoïne (prescription hors AMM) en monothérapie peuvent représenter une alternative intéressante, surtout chez les chats développant des effets indésirables avec le phénobarbital. Pour certains phénotypes d’épilepsie (épilepsie réflexe féline audiogénique2), il est possible d’employer le lévétiracétam en première intention. Concernant les effets indésirables des antiépileptiques, ils sont la plupart du temps modérés et réversibles après l’arrêt du traitement, à l’exception de ceux du diazépam et, dans une moindre mesure, du bromure de potassium, qui doivent être utilisés en dernier recours avec consentement éclairé du propriétaire.
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1 Charalambous M., Pakozdy A., Bhatti S.F.M et coll. Systematic review of antiepileptic drugs’ safety and effectiveness in feline epilepsy. BMC Vet. Res. 2018;14(1):64.
2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1631 du 22/5/2015, page 20.
Conflit d’intérêts : une partie du programme de spécialisation de l’auteur est financée par le laboratoire TVM.