L’art de la chimère

Ours-morse, gorille-taureau, lion-buffle, autruche-girafe, hyène-porc-épic… les créatures hybrides de Mauro Corda, “espèces en voie d’apparition”, perturbent la perception. Elles ont la précision d’inquiétantes manipulations génétiques, le romantisme des sculptures animalières du xix^e, la solennité des trophées et l’aura fantastique d’un bestiaire mythologique. Exploitant une large palette de matériaux, l’œuvre au long cours (30 ans) de ce parfait technicien, entre humour et monumentalité, transfigure la sculpture animalière. En la réhabilitant dans l’art contemporain, elle ne rompt pas pour autant avec ses illustres prédécesseurs : Barye (1795-1875), Pompon (1855-1933) et Bugatti (1884-1916).

Pour les dix ans de l’inscription de la citadelle de Besançon (Doubs) sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco¹, le Muséum d’histoire naturelle de la capitale comtoise, installé sur le site édifié par Vauban, propose, jusqu’au 15 juillet, une grande rétrospective de l’artiste. Une soixantaine d’œuvres y sont exposées en plein air et dans La Halle aux manœuvres transformée en un dédale onirique, de l’ombre à la lumière, tout en courbes et mystère. Les éditions d’art Somogy éditent pour l’occasion une monographie de 192 pages, largement illustrée. Dans un long entretien, l’artiste y commente son travail. « Ce qu’au fond je recherche depuis toujours, c’est l’animalité dans l’humain et l’humanité dans l’animal », résume-t-il, rejoignant là notre confrère Norin Chai (ci-dessous).
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¹ Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

Mauro Corda – Zoospective, le règne animal , du 1^er avril au 15 juillet 2018, citadelle de Besançon, 7 j/7, 5 €, citadelle.com.

Zoospective , catalogue de l’exposition, Somogy Éditions d’Art, 192 pages, français-anglais, 24 x 31 cm, 25 €.