ABEILLES
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
À la suite d’une suspicion de la présence d’ Aethina tumida dans une exploitation apicole de la Drôme, des mesures de surveillance sont mises en place autour du rucher importateur.
Une suspicion d’infestation1 par Aethina tumida, ou petit coléoptère des ruches, d’une exploitation apicole de la Drôme a été émise le 18 avril par le laboratoire départemental d’analyses vétérinaires agréé du Bas-Rhin (LDA67), à la suite de la découverte de quatre œufs suspects dans un échantillon de cagettes et d’ouvrières accompagnant un lot de 1 000 reines d’abeilles importé2 d’Argentine par l’exploitant. Ce résultat a donné lieu à une enquête, menée par les services vétérinaires de la direction départementale de la protection des populations (DDPP), qui a montré que la moitié des reines importées avait été distribuée à six apiculteurs de cinq départements (Drôme, Vaucluse, Ardèche, Loir-et-Cher, Maine-et-Loire). De plus, le laboratoire national de référence de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour la santé des abeilles, à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), n’a pas pu confirmer la nature des œufs, faute de matériel biologique suffisant disponible. L’incertitude du résultat a motivé la Direction générale de l’alimentation à saisir l’Anses afin d’évaluer « le risque d’introduction d’ A. tumida dans l’un des ruchers destinataires des reines, considérant le statut sanitaire de l’Argentine, les modalités de transfert des reines jusqu’aux ruchers destinataires, les modalités de contrôle au lieu de première destination et la biologie du ravageur », et de préciser les mesures de surveillance à mettre en œuvre « pour arriver à un risque négligeable de maintien du parasite ». Pour rappel, A. tumida fait partie des dangers sanitaires de première catégorie du fait des dégâts majeurs engendrés sur la colonie infestée. À ce jour, la France est indemne, mais ce statut est potentiellement menacé, du fait des foyers présents en Calabre (Italie).
Comme le souligne le rapport de l’Anses, d’après l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), l’Argentine n’a jamais signalé la présence du petit coléoptère des ruches. De plus, les conclusions du rapport s’appuient sur l’hypothèse d’une infestation réelle, impliquant donc une surestimation des probabilités calculées. Au final, les experts estiment les probabilités d’établissement d’A.
tumida dans un premier rucher français nulles à quasi nulles (0 à 1 sur une échelle de 0 à 9) à partir d’œufs ou d’une femelle adulte maintenus sur une reine, et quasi nulles à partir d’une femelle adulte échappée lors de son arrivée à l’aéroport, ou lors du transfert des reines chez l’importateur. Malgré cette probabilité de survenue très basse, les experts préconisent de majorer le risque lorsque les conséquences potentielles s’avèrent grandes. Ainsi, le rapport recommande l’instauration de mesures de surveillance autour de deux zones, à savoir un renforcement de la surveillance événementielle et programmée autour de l’aéroport Marseille-Provence, et la mise en place d’une surveillance programmée autour du local de transfert des reines situé dans l’exploitation de l’importateur. Ainsi, chez ce dernier, une inspection visuelle d’un certain nombre de ruches3 deux fois à un mois d’intervalle est prévue. Une inspection des ruchers destinataires des reines, deux fois à un mois d’intervalle, est aussi envisagée. À noter que les experts soulignent l’intérêt de mener une réflexion sur les modalités des contrôles à l’importation, avec l’idée de réduire le délai entre l’arrivée des lots de reines et les analyses en laboratoire, «
afin qu’une suspicion ne soit pas déclarée après la réexpédition des reines
».
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2 Selon la réglementation européenne, « les abeilles domestiques, même en ruches, boîtes, ou autres contenants similaires, ou sauvages (…) doivent faire l’objet de contrôles vétérinaires aux postes d’inspection frontaliers » ; bit.ly/2GdZebL.
3 Sélection aléatoire des ruches, le nombre d’unités à inspecter devant permettre de détecter une prévalence intrarucher de 2 % (niveau de confiance de 95 %).
UNE SURVEILLANCE RENFORCÉE DEPUIS 2014