Edito
Auteur(s) : VALENTINE CHAMARD
Quel est le point commun entre un sac de croquettes et une pipette antipuces ? Ils sont, bien sûr, tous les deux présents dans les rayons des cliniques vétérinaires, mais, surtout, font l’objet d’une défiance grandissante de la part des consommateurs, échaudés par les récents scandales sanitaires et portés par la mouvance d’un retour aux sources et de l’adoption de modes de vie plus sains. Dans ce contexte, pourquoi leurs animaux ne subiraient-ils pas les menaces ambiantes ? Les médias grand public, qui ont bien saisi cet état d’esprit, agitent les peurs avec des titres à sensation, tels que « Alerte sur les antipuces bourrés d’insecticides neurotoxiques » (Libération du 7 avril 2018) et « Les anticroquettes montrent les crocs » (Le Parisien du 2 mai 2018), à l’heure où les réseaux sociaux s’emparent du sujet (à travers, notamment, la page Facebook Alertes croquettes). Les librairies ne sont pas en reste avec leur lot de livres culpabilisants (Vous êtes fous de leur faire avaler ça !), tandis que France 5 diffusait une enquête à charge en octobre dernier (Quelles croquettes pour nos bêtes ?), qui n’a pas manqué d’être rapportée dans les salles de consultation des praticiens. Dernièrement, Botanic annonçait avec fracas retirer de ses rayons tout antiparasitaire à base de fipronil, de perméthrine et de tétraméthrine au profit de soins naturels, jetant par là même l’opprobre sur ceux qui continuent à les vendre. Face à la pullulation des pseudo-experts surfant sur les craintes du public, parfois pour proposer des alternatives dont les bénéfices entrent dans leur escarcelle, les scientifiques que sont les vétérinaires sont une nouvelle fois les interlocuteurs les mieux placés pour aider les consommateurs à faire le tri entre peurs infondées, bon sens et preuves irréfutables. ●
Lire pages 40 à 46 et 22 et 23 de ce numéro.