Des valeurs de référence pour le poids et le taux de croissance sont établies - La Semaine Vétérinaire n° 1767 du 08/06/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1767 du 08/06/2018

NÉONATALOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINA CHAILLAUD 

La pesée est incontournable pour agir précocement sur les chatons à risque de mortalité néonatale, avec aujourd’hui des données de référence disponibles.

Le centre NeoCare a consacré une soirée à la néonatalité féline, le 3 avril dernier à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT). Notre consœur Amélie Mugnier y a présenté les résultats d’une étude, comprenant 2 105 chatons de 9 races, issus de 48 chatteries françaises. D’après les données de la littérature, la mortalité présevrage est estimée à 20 % chez le chat. Dans cette étude, elle n’est que de 5,2 % (ce qui pourrait indiquer un manque de représentativité de l’échantillon). Les poids de naissance enregistrés (qui, avec la croissance néonatale, sont les meilleurs outils pour identifier un chaton à risque) sont variables selon la race et le morphotype des chatons. Le bengal, long et puissant, se retrouve avec le plus faible poids de naissance : 88 g, soit 1,5 fois moins que celui du maine coon (119 g). Le ragdoll et le bengal ont les taux de croissance sur les deux premiers jours de vie les plus élevés, respectivement 19 % et 15 %, tandis que le norvégien a le plus bas (4 %). Pour la mortalité néonatale précoce (0 à 21 jours), les deux principaux facteurs de risque sont un poids de naissance faible et une forte hétérogénéité de la portée, avec un effet additif : un chaton de petit poids dans une portée hétérogène sera d’autant plus à risque. Pour la mortalité néonatale tardive (21 à 60 jours), c’est le taux de croissance entre 0 et 2 jours qui importe le plus, avec également un effet additif entre un poids de naissance faible et un taux de croissance bas.

Des valeurs de poids seuil en fonction des races

Des seuils d’alerte ont pu être établis chez six races, même s’ils restent perfectibles d’un point de vue statistique. Le poids de naissance en dessous duquel le risque de mortalité est augmenté est de 78 g pour un bengal, de 85 g pour un sacré de birmanie ou un siamois, de 89 g pour un ragdoll, de 98 g pour un chartreux, de 102 g pour un norvégien et de 109 g pour un maine coon. Le taux de croissance (entre 0 et 2 jours) minimum moyen est de 17,8 %, et varie selon la race : 11 % chez le norvégien, 17 % chez le chartreux, 20 % chez le maine coon, 23 % chez le ragdoll et 26 % chez le bengal. En dessous de ces valeurs seuils de poids de naissance et de taux de croissance entre 0 et 2 jours, les chatons sont considérés comme à risque et doivent être pris en charge : il convient de stimuler la prise colostrale, de les complémenter en biberonnant, de vérifier la température, l’humidité, la ventilation du nid. Suivre le poids en continu est recommandé jusqu’au sevrage. L’intérêt de la supplémentation précoce est d’augmenter significativement le taux de croissance, donc de diminuer le taux de mortalité. Une étude est en cours sur la composition en protéines et en acides gras du lait de chatte et l’utilisation du lait en poudre comme complément1.

Microbiote et santé digestive

Hanna Mila, maître de conférences en reproduction et élevage des carnivores à l’ENVT, a présenté la mise en place de la flore intestinale du chaton et son influence sur sa santé. Le microbiote produit des anticorps, participe à la mise en place de l’appareil immunitaire de l’intestin (gut-associated-lymphoid tissue ou GALT), et contribue à la digestion. Transmis par la mère principalement, il se diversifie avec l’âge, et c’est l’équilibre de cette flore qui influence le métabolisme digestif du chaton. Un déséquilibre, ou dysbiose, entraînera une diarrhée, et peut être causé par l’alimentation, les pathogènes, ou l’administration d’antibiotiques (même 15 jour après leur arrêt). L’efficacité des probiotiques pour rétablir l’équilibre est bonne chez le chat adulte mais reste à préciser chez le chaton.

1 Tout propriétaire de chatte allaitante peut envoyer des échantillons à NeoCare (repro@envt.fr).