SANTÉ ANIMALE
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Après l’annonce par Bruxelles de la baisse du budget de la politique agricole commune (PAC) dans l’ère post- Brexit, la question de l’avenir des filières d’élevage se pose. À l’occasion de sa conférence annuelle, qui s’est tenue le 7 juin à. Bruxelles, AnimalhealthEurope apporte des pistes de réflexions et d’actions concrètes pour un élevage durable.
Quels sont les leviers à mobiliser afin de pérenniser et de favoriser un élevage durable en Europe ? Quel peut être le rôle de l’innovation en santé animale face à ces enjeux ? C’est autour de ces questions stratégiques qu’AnimalhealthEuro pe a invité au dialogue plusieurs parties prenantes, lors de sa conférence annuelle1, le 7 juin à Bruxelles (Belgique). Des politiques, des acteurs du monde vétérinaire et agricole, des organisations non gouvernementales (ONG), mais aussi des universitaires ont apporté de nombreuses pistes de réflexion, afin de favoriser un élevage toujours plus compétitif et en phase avec les attentes sociétales. La prévention par la vaccination et les mesures de biosécurité font partie de ces solutions auxquelles le vétérinaire et l’éleveur sont de plus en plus accoutumés. À ces axes d’actions s’ajoutent le développement de l’élevage de précision et l’open data des données récoltées dans les élevages, la modification du génome animal ou encore la sensibilisation du grand public à l’importance de l’agriculture.
Après le maïs génétiquement modifié, c’est au tour des vaches, dont des chercheurs sont parvenus à modifier l’ADN afin de les rendre résistantes à la tuberculose bovine. Selon Eleanor Riley, directrice de l’Institut Roslin de l’université d’Édimbourg, connue pour son clone pionnier Dolly the Sheep, il s’agit de l’une des pistes à explorer pour faire face aux défis auxquels l’élevage est confronté. Pour cette scientifique renommée, la recherche portant sur la modification du génome dans le domaine de la santé animale est prometteuse. À long terme, cette technique devrait permettre de lutter efficacement contre les zoonoses. Mais selon elle, il reste encore du chemin à parcourir tant sur le plan réglementaire que sur l’opinion des consommateurs concernant « ces techniques innovantes ». Il y a aussi la question “Brexit” sur laquelle beaucoup s’interrogent. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) aura-t-elle un impact sur la recherche et l’innovation en santé animale ? Le Brexit pourrait affecter les programmes scientifiques menés en partenariat avec d’autres pays européens. Eleanor Riley indique qu’une participation continue du Royaume-Uni aux programmes de recherche et d’innovation de l’UE paraît indispensable ainsi que la poursuite des collaborations entre les chercheurs.
Sur le terrain de l’innovation, la prévention reste une solution incontournable. Hans Nauwynck, du projet de recherche Saphir, financé par Horizon 2020, et Tomás Norton, de l’université de Louvain (Belgique), se sont penchés sur les techniques innovantes étudiées pour rendre les élevages plus performants, telles que les nouvelles stratégies vaccinales pour les porcs et les technologies d’élevage de précision. Selon eux, ces techniques sont indispensables pour lutter contre les maladies endémiques en élevage et faciliter le suivi individuel et collectif des animaux, tout en garantissant leur bien-être. De leur côté, Allan Buckwell, de la fondation Rise2, et Jan Venneman, de l’Effab3, insistent sur la nécessité de renforcer les partenariats publics-privés et d’assurer un transfert rapide des innovations sur le terrain. L’efficacité de ces partenariats européens dans le secteur de l’élevage a d’ailleurs été soulignée par Jean-Louis Peyraud de l’Animal Task Force. La question de l’alimentation des animaux d’élevage a également été soulevée.
Mateusz Rawski, de HiProMine, s’est penché sur les possibilités d’utiliser des protéines d’insectes comme alternatives aux protéines animales dans l’alimentation des animaux de ferme, afin notamment d’améliorer les coûts de production et réduire l’impact environnemental. Par ailleurs, les différents intervenants ont aussi insisté sur la nécessité de promouvoir, auprès du grand public et des éleveurs, l’importance de l’innovation dans le domaine de la santé animale. Jannes Maes, président du Ceja4, met en avant qu’il y a un énorme manque de sensibilisation de la jeune génération sur la façon dont la nourriture est produite en Europe et que de nombreuses opinions sont formées sur la base de l’émotion, plutôt que des faits. Des campagnes de sensibilisation pourraient être amorcées, notamment sur les réseaux sociaux, avec l’appui de la Commission européenne. Tom Tynan, chef du cabinet du commissaire à l’agriculture Phil Hogan, a d’ailleurs cité les nombreux projets de sensibilisation en Europe, tels que le projet Agri Aware en cours en Irlande. «
Ce projet informatif est maintenant intégré dans les programmes de nombreuses écoles
», souligne-t-il.
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2 Rural Investment Support for Europe, Soutien à l’investissement rural en Europe.
3 European Forum of Farm Animal Breeders, Forum européen des éleveurs d’animaux d’élevage.
4 Conseil européen des jeunes agriculteurs.
« L’INNOVATION EST INDISPENSABLE DANS NOTRE SECTEUR »