CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
Le vétérinaire est, de part sa formation, un acteur clé du bien-être animal. Pour cela, des outils pratiques d’évaluation scientifique, reposant sur des critères objectifs et fondés sur les animaux, sont mis à sa disposition. Il peut ainsi intervenir à chaque étape pour permettre une meilleure prise en compte et une amélioration du bien-être en élevage.
La démarche du vétérinaire praticien consiste en trois grandes étapes d’une “boucle d’amélioration continue” : tout d’abord, une évaluation de l’état de bien-être des animaux, puis une identification des facteurs de risque, et enfin la proposition d’actions correctives sur les facteurs de risques identifiés.
Dans un premier temps, le vétérinaire praticien doit évaluer la façon dont l’animal perçoit sa situation dans l’environnement, mais aussi l’adéquation de ses conditions de vie avec ses besoins. Ainsi, par exemple, en ce qui concerne le confort de couchage des bovins, il peut observer le comportement de couchage ou la propreté des animaux. Pour l’alimentation, cela nécessite d’évaluer la note d’état corporel ou la compétition alimentaire à l’auge. Le praticien doit ensuite tenter d’identifier les facteurs explicatifs des problèmes de bien-être, qui sont souvent multifactoriels. Un inconfort de couchage, par exemple, peut notamment être dû à une mauvaise conception des logettes ou bien à des problèmes de boiterie, ce que le vétérinaire peut identifier. Enfin, la dernière étape concerne la mise en place d’actions correctives. Elle est cruciale et nécessite une bonne acceptation et une bonne appropriation par l’éleveur des mesures à prendre. Le vétérinaire reste alors un partenaire central de cet accompagnement des éleveurs. À cette occasion, il doit adopter une vision globale : tenir compte à la fois de la perception du bien-être animal en général, mais aussi du contexte social des éleveurs, qui influe ensuite sur leurs attitudes. La sensibilisation de ces derniers à la notion de bien-être animal passe par une meilleure information sur la sensibilité des animaux, par l’aspect économique (lien entre le bien-être et les performances de reproduction ou le niveau de production, par exemple) et par la volonté de répondre à l’attente sociale. Il a été ainsi démontré, par des équipes australiennes en élevage de porcs, que les formations, quand elles s’adressent à des éleveurs impliqués, sont favorables au changement d’attitudes et de pratiques.
Le rôle clé des vétérinaires en bien-être animal, même s’il est reconnu, doit quand même encore être conforté. C’est la raison pour laquelle les écoles vétérinaires font partie des membres fondateurs du Centre national de référence en bien-être animal1, inauguré en février 2017, qui a notamment pour mission d’intervenir dans la diffusion des travaux de recherche et dans l’expertise technique en matière de bien-être animal. En outre, la chaire partenariale Bien-être animal entre le ministère de l’Agriculture et VetAgro Sup, créée en mars dernier, vient compléter les moyens mis à disposition des vétérinaires en diffusant les nouveautés scientifiques et en proposant des formations2.
Afin d’accroître son expertise et son implication, le vétérinaire doit améliorer ses connaissances en éthologie et en bien-être animal, ainsi que ses compétences d’observation du comportement en élevage. Il doit aussi en acquérir davantage en sciences humaines et sociales, afin de mieux percevoir les attitudes des éleveurs et d’améliorer ses capacités d’accompagnement. Plus globalement, il serait intéressant que les vétérinaires s’impliquent dans des formations ou, a minima, dans des temps d’échange sur la question sensible du bien-être animal. Un accompagnement en ce sens des praticiens pourrait alors aller jusqu’à la mise en place de bonnes pratiques, voire de certifications, qui seraient pour le consommateur l’assurance que les élevages français sont véritablement respectueux du bien-être animal.
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