BELGIQUE
ACTU
Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITTURIA
A la suite d’actes de cruauté constatés sur une jeune chatte, la vétérinaire a signalé les faits à l’unité de Bien-être animal et porté plainte à la police.
La petite chatte Sprotje a ému toute la Belgique et au-delà des frontières, après des actes de cruauté dont elle a été victime dans la nuit du 7 juin, à Courtrai en Belgique. Lors d’une fête très arrosée, l’animal âgé de 10 mois a servi de ballon de football à un homme qui l’a ensuite placé dans un four chauffé à 200 degrés… Sprotje y est restée une quinzaine de minutes avant d’être libérée par un autre participant de la soirée, alerté par les coups que la chatte désespérée donnait contre la vitre. Elle aurait ensuite été mise deux jours dans une cabine de douche pour tenter de soigner ses brûlures avant d’être finalement amenée à la clinique Dierenartsen Overleie, des vétérinaires Joshua Dutré (Gand 12) et Valérie Huvaere (Gand 11).
L’affaire portée devant la justice
La praticienne a expliqué aux médias que « l’animal était dans un état particulièrement grave. Le chatte a de graves brûlures, les coussinets de ses pattes sont complètement brûlés et il y a des saignements internes. Nous la traitons avec des analgésiques morphiniques et de l’onguent au miel pour soigner ses blessures ». La vétérinaire a signalé les faits à l’unité de Bien-être animal1 et a porté plainte à la police. Une démarche également entreprise par le propriétaire de Sprotje, non présent au moment des faits. Le tribunal a ouvert une enquête pour maltraitance envers des animaux. L’association de défense des animaux GAIA a aussi porté plainte, car comme l’explique son président Michel Vandenbosch : « Ces actes ressemblent à ceux d’un psychopathe, qui ne montre pas le moindre sentiment de culpabilité. Il est connu que les psychopathes commencent par maltraiter et torturer des animaux, et peuvent devenir des tueurs en série. En d’autres mots, l’auteur des faits est un danger considérable pour notre société. La justice doit prendre cette affaire très au sérieux. On pourrait s’imaginer que ces cas extrêmes de cruauté envers des animaux n’ont plus lieu dans notre société, mais le supplice vécu par Sprotje est malheureusement une preuve du contraire. Même s’il semble qu’elle sera sauvée, il est important que l’auteur, les éventuels complices et tout autre responsable n’échappent pas à leur peine. »
Les politiques se sont aussi émus de cette affaire et la ville de Courtrai s’est associée à la plainte. Bert Herrewyn, bourgmestre de Courtrai, a expliqué à GAIA la raison de sa démarche : « J’ai moi-même deux chats à la maison. Mon cœur saigne quand je vois comment Sprotje a été torturée. Parce que les animaux ne sont pas capables de défendre leurs droits eux-mêmes, en tant qu’autorité communale, nous nous constituons partie civile pour condamner sévèrement l’auteur du crime. Aussi pour qu’il soit clair que nous ne tolérons pas la cruauté envers les animaux, parce que Courtrai aime les animaux. »
De son coté, l’auteur des faits, un homme de nationalité ukrainienne ne semble avoir aucun regret concernant son acte. Il raconte que la jeune chatte « était parfois embêtante, je l’ai donc enfermée dans la salle de bain. Pourquoi je l’ai mise dans le four ce soir-là ? Je ne sais pas. Je ne sais pas quelle était la température du four, mais il n’était certainement pas à 200 degrés. Ce qui est fait est fait. Il y a des choses bien plus graves, comme poignarder ou abattre quelqu’un. Je comprends qu’il y ait un procès. J’accepterai ma peine ». Il risque au maximum 6 mois de prison et 16 000 € d’amende, ainsi qu’une interdiction à vie de détenir des animaux.
Afin de financer les soins onéreux de Sprotje, les vétérinaires d’Overleie ont lancé un financement participatif2. Cette affaire, largement relayée par les médias, a déclenché un élan de solidarité extraordinaire. Alors que seulement 500 € étaient escomptés, la cagnotte s’élève actuellement à plus de 13 000 €. Les praticiens ont fait savoir que l’excédant servirait à couvrir les frais de justice et serait aussi reversé à une dizaine d’associations de défense des animaux. Le nombre d’associations sélectionnées pourrait augmenter avec les nouveaux dons. Il est possible de donner jusqu’à fin juillet.
La clinique a d’ores et déjà reçu plus de 250 demandes d’adoption pour cette petite martyre, provenant de Flandre, de Wallonie et des Pays-Bas. Avant de se décider sur la famille d’accueil, « nous attendons quelques semaines, tempèreJoshua Dutré. Sprotje a d’abord besoin de plus de soins. Elle va bien. Elle mange, elle ronronne, donne des coups de tête et se couche sur le dos pour jouer. Elle reçoit toujours des analgésiques
».
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1 La Semaine vétérinaire n° 1635 du 19/06/2015, page 17.