CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
Dans le cadre du traitement contre Rhodococcus equi, les propriétés nécessaires des antibiotiques sont une bonne distribution et activité pulmonaire, la capacité à pénétrer les parois des abcès, en intracellulaire, et leur innocuité. La caractéristique principale est une forte lipophilie. Le choix des antibiotiques se réduit principalement aux macrolides et à la rifampicine.
La rifampicine présente peu d’effets secondaires chez le poulain, avec un dosage de 10 mg/kg toutes les 24 heures per os (PO), elle assure une concentration intra-alvéolaire et sérique adéquate pour traiter l’infection à Rhodococcus.
Il existe plusieurs traitements alternatifs de la pneumonie à R. equi. La rifampicine doit toujours figurer dans le protocole en combinaison avec un macrolide. Notre consœur met en garde contre le danger de sélection de souches résistantes, donc la monothérapie est proscrite.
L’erythromycine produit trop d’effets secondaires (diarrhées sévères).
L’azithromycine est le gold standard, avec une haute concentration dans les cellules alvéolaires chez le poulain et peu d’effets secondaires.
La clarithromycine produit peu d’effets non désirés. La tulathromycine est un médicament intéressant : une concentration dans les cellules alvéolaires, peu d’effets secondaires, quelques poulains présentent une douleur intramusculaire au site d’injection.
La doxycycline est un médicament conseillé : sa concentration minimale inhibitrice (CMI) est bien connue pour le Rhodococcus : une concentration dans les cellules alvéolaires, peu d’effets secondaires. Mais attention au risque d’anémie hémolytique en cas d’association avec l’azithromycine.
Selon notre consœur, l’association d’azithromycine (10 mg/kg PO toutes les 24 heures) et de rifampicine (10 mg/kg PO toutes les 24 heures) est le meilleur protocole pour traiter les cas sévères.
Il n’est pas nécessaire de traiter tous les poulains contre Rhodococcus. Si l’état clinique est bon et les abcès de quelques centimètres, l’instauration d’un traitement n’est pas indispensable. Les poulains sont surveillés et chaque observation d’abcès est inscrite sur un schéma du thorax. Des guérisons spontanées avec un score d’abcès inférieur à 10 cm sont souvent constatées.
Il convient de ne pas traiter un poulain qui ne présente pas de signes cliniques ou dont les symptômes sont très modérés, avec un comptage de leucocytes inférieur à 25 000/μl et de petits abcès pulmonaires (moins de 10 cm). Il est alors recommandé de les échographier une fois par semaine (voire deux).
Le traitement dure au moins 4 semaines, car un arrêt trop précoce des antibiotiques est souvent suivi de rechute. Il est possible d’y mettre fin lorsque les signes échographiques ont disparu. Le comptage des leucocytes et du fibrinogène n’est pas fiable pour arrêter le traitement (il peut rester élevé pendant 10 à 16 semaines bien que le poulain soit sain d’un point de vue clinique et échographique).
Prévention de la maladie : ni l’organisation ni l’hygiène de l’élevage ne réduisent l’incidence de la maladie. Il est néanmoins conseillé d’améliorer la gestion des poulains, dès le premier jour, afin de les protéger contre toute maladie infectieuse (éviter les paddocks sableux, les zones d’alimentation poussiéreuses, assurer un statut immunitaire optimal du poulain, etc.). La vaccination des juments ou des poulains contre R. equi ne conduit pas à une protection efficace des poulains. Le traitement antibiotique en préventif n’est pas une bonne idée. L’utilisation du maltolate de gallium (chélateur du fer) ne marche pas, ni en préventif ni en traitement.
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À RETENIR