Edito
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
Le Sénat entamera une nouvelle lecture du projet de loi alimentation dans quelques jours. Un sujet qui ravive les polémiques, alors que Nicolas Hulot a démissionné de ses fonctions ministérielles. « Loi agriculture et alimentation : une défaite environnementale », titrait déjà Lemonde.fr le 1er juin, à la suite du passage du texte en première lecture à l’Assemblée nationale. Trois mois plus tard, l’émission “Secrets d’info” du 1er septembresur France Inter, intitulée « Bien-être animal : comment les lobbies et le ministre de l’Agriculture ont eu raison de Nicolas Hulot », faisait un constat amer pour la cause animale : la plupart des avancées sur le bien-être souhaitées par le ministre de la Transition écologique et solidaire sont passées à la trappe.
Quid des promesses électorales d’Emmanuel Macron sur l’interdiction dans les grandes surfaces de la vente des œufs issus de l’élevage en batterie d’ici à 2022 ? Face à la pression des lobbies, le sujet a été renvoyé aux filières, qui « doivent produire un document dans lequel ils prévoient des aménagements, des améliorations, mais il n’y a pas d’aspects contraignants (…), ce sont des vœux pieux », s’insurge notre confrère Jean-Pierre Kieffer, président de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA).
Autre engagement du président, celui de rendre obligatoire l’installation de caméras dans les abattoirs, au final remplacé par une simple expérimentation volontaire, ce que regrette notre confrère Michel Courat (OABA), qui réalise des audits dans ces structures. En outre, rien sur l’interdiction du broyage des poussins, ni de la castration à vif des porcelets : autant de déceptions déjà pointées par le député Olivier Falorni.
Notre confrère et député Loïc Dombreval, président du groupe d’étude sur la condition animale, n’a pas soutenu ses amendements en commission des affaires économiques. « C’était peine perdue, a-t-il expliqué à France Inter. J’avais un véto strict, définitif, sur un certain nombre d’amendements que je voulais porter. » Ce dont se défend Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture. Et Loïc Dombreval de poursuivre : « Il y a une négociation entre le ministre, les députés, le rapporteur (…), méthode tout à fait classique et de tout temps… »
Démocratie ou lobbies ?●