PARASITOLOGIE
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
Pour la première fois, des états généraux de la santé animale se sont tenus à La Réunion pour lutter contre ces petits animaux responsables d’affections majeures parmi les élevages de l’île.
Le groupement de défense sanitaire (GDS) de La Réunion a organisé les premiers états généraux de la santé animale de l’île les 5 et 6 septembre derniers. La lutte contre les agents responsables de maladies vectorielles chez les bovins est devenue un enjeu essentiel dans ce département d’outre-mer.
Comme l’ont constaté les experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans leur avis rendu en janvier dernier1, les arthropodes vecteurs de micro-organismes responsables de maladies majeures, telles que l’anaplasmose, la babésiose ou la leucose bovine, sont très fréquemment rencontrés dans les élevages réunionnais. En outre, ces différentes affections, à l’exception de la leucose, ont des répercussions lourdes. L’anaplasmose, dont la séroprévalence à La Réunion est de 80 %, a ainsi des impacts cliniques (taux de létalité allant jusqu’à 50 %) et économiques importants. La babésiose entraîne quant à elle des troubles de la reproduction à l’origine de la majeure partie des cas de mortalités en élevage laitier (20 % sur le département). La leucose bovine enzootique, malgré une séroprévalence très élevée sur l’île, a peu de conséquences économiques du fait de la rareté des cas cliniques constatés. Ces séroprévalences très élevées rencontrées à La Réunion peuvent s’expliquer par la climatologie particulière de l’île qui conditionne l’activité des vecteurs.
En effet, des infestations massives d’arthropodes sont souvent constatées l’été, mais aussi en hiver. Leur activité diminue peu à cette saison, en raison des températures clémentes rencontrées sur l’île, et les arthropodes ne disparaissent jamais totalement. La lutte contre ces vecteurs est par conséquent une composante majeure des mesures de prévention de l’élevage bovin réunionnais. Autrefois institutionnalisée et fortement accompagnée financièrement, la prévention est aujourd’hui laissée à la gestion individuelle des exploitants et, de fait, nettement moins coordonnée et efficace.
Face à cette situation, le GDS de La Réunion2 a décidé de reprendre en main la lutte contre ces nuisibles en organisant deux journées de débats à ce sujet. L’objectif est de sensibiliser les principaux acteurs (éleveurs, vétérinaires, coopératives, collectivités territoriales, instituts techniques et scientifiques, etc.), afin d’aboutir à la construction d’un projet commun d’éradication. Au programme : des exposés animés par des spécialistes sur la biologie et l’écologie de trois arthropodes majeurs – les mouches-bœuf (stomoxes), les tiques et les moucherons piqueurs (culicoïdes) –. Un état des lieux des pratiques actuelles de prévention et de lutte a aussi été établi en vue de construire un projet d’avenir pour le département.
•
2 gds974.com.